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26 décembre 2008 5 26 /12 /décembre /2008 16:13
Ce week-end là a eu lieu la commémoration du dixième anniversaire du jumelage entre Losheim am See, commune de Sarre, en Allemagne, et de La Croix Saint Ouen, dans l'Oise, près de Compiègne. Cette cérémonie a eu lieu en Allemagne, la cérémonie française est pour l'année prochaine.

Nous nous sommes d'abord retrouvés entre amis, ou en familles d'accueil. Personnellement, j'ai évidemment passé la journée du samedi avec mes amis, à manger les spécialités locales, notamment les bons gateaux, et boire du riesling, avant une promenade digestive dans la forêt.

Le samedi soir, dîner dans la salle des fêtes, avec discours. Et le dimanche, cérémonie officielle, avec disours également, musique, etc. Dans ces circonstances, je ne peux jamais oublier l'histoire de nos deux pays.

Mes grands-parents ont souffert deux guerres mondiales. Deux des plus grosses catastrophes de l'histoire de l'humanité. Et mes parents, tout petits, ont subi le traumatisme de la seconde, puisque ils  sont nés au tout début. Prises d'otage, bombardements, maison détruite, faim, réquisitions, pillages, attente du père ou du mari, etc. Le pire que l'on puisse vivre, et que nous, n'ayant connu que la paix et l'abondance, ne pouvons (heureusement) pas comprendre ni imaginer.

De l'autre côté de la frontière, finalement, les mêmes traumatismes, avec, en plus, la culpabilité encore tenace.

Mais dans les ruines encore fumantes, les armes encore chaudes, malgré la haine apparemment insurmontable et les traumatismes encore bien ancrés, quelques hommes, héros de la guerre, sont devenus des héros de la paix. Je veux parler des De Gaulle, des Adenauer, des Schumann, etc. Ces hommes, contre vents et marées, ont eu le courage immense de tendre la main à leur ancien ennemi, et de bâtir une paix solide et durable.

Ils y ont entraîné, presque forcé leurs peuples, qui, malgré toute cette haine emmagasinée pendant des décennies, malgré les souffrances subies, ont répondu positivement, sans se faire prier.

Plusieurs exemples sont pour moi frappants.

Un exemple célèbre, la chanteuse Barbara, qui a subi de plein fouet la barbarie nazie, et qui malgré tout a composé la chanson "Göttingen". Il y a des gens que j'aime à Göttingen, bel et émouvant exemple de pardon et de réconciliation.

Mes parents. Enfants pendant la guerre, père pris en otage, maison détruite, ils sont aujourd'hui heureux de rencontrer et accueillir leurs amis allemands.

Mes grands-parents, qui ont vécu deux guerres en direct, et qui accuillaient à bras ouverts mes correspondants.

Et enfin, un exemple d'héroïsme pacifique : un homme de ma famille, né en 1909. Enfant en 14-18, il habitait au nord de l'Oise. Sa maison se trouvait sur la ligne de front, au point que le puits servait de ravitaillement  tantôt aux Français tantôt aux Allemands, une trève étant systématiquement respectée lors de chaque ravitaillement. Quand sa maison a été détruite, il s'est réugié dans ma famille avec sa mère et sa soeur. Le reste de sa famille est parti dans une autre direction, s'est réfugiée à Noyon, où elle a péri dans le bombardement de la cathédrale.

Mobilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale, il s'est retrouvé face à un parachutiste allemand. Il n'avait qu'à appuyer sur la détente pour sauver sa peau, mais il a pris le risque de le faire prisonnier. Jusqu'à la fin de sa vie, il a toujours été fier de montrer sa médaille, et surtout fier de ne pas avoir tué son ennemi.

Il a également toujours accueilli les correspondants allemands.

Je repensais à toutes ces personnes pendant la cérémonie du dixième anniversaire du jumelage, assis entre mes amis allemands, puis debout en train de chanter ensemble l'hymne allemand puis la Marseillaise.

Je pensais aussi que nos deux pays, co-responsables des deux premières guerres mondiales, se devaient d'être co-responsables du retour à la paix et du maintien de cette paix. Cette responsabilité incombe à nos pays et à leurs peuples, c'est à dire vous ou moi, et nous devons faire perdurer cette paix.

A la fin de cette année, mes amis allemands viendront à Paris. Bon repas et bon vin en perspective. La normalité en somme.

Ein Prosit, et une bonne santé à nos deux peuples et à notre amitié.
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