Quand c'est l'hiver à Paris, qu'il fait froid, qu'il pleut, que les gens font la gueule... remarquez, à Paris, il fait froid, il pleut et les gens font la gueule toute l'année, même l'été. Bon, malgré tout, le froid de février étant plus froid que celui de juillet, un petit week-end à Cuba est le bienvenu, surtout quand on nous l'offre. Qui, comment, pourquoi ? Chut, secret.
Peu de temps donc, mais beaucoup d'impressions. Cela ne fait malgré tout pas un jugement, d'autant que je n'ai pas vu beaucoup plus que La Havane.
Première impression : le délabrement. N'étant jamais sorti d'Europe que pour aller aux Etats-Unis ou au Japon, j'ai eu un choc. J'ai eu le sentiment d'un pays qui tient avec quelques fils de fer rouillés. Qui tient... on se demande comment, et surtout pour combien de temps.
La Havane a de ce fait une ambiance particulière : si je devais résumer, je dirais que c'est un mélange d'Amérique des années 50 et d'Union Soviétique des années 70, dans un paysage des Caraïbes et une architecture espagnole du XIXème siècle. Le mélange est étonnant, il l'est d'autant plus qu'il rassemble des mondes pour la plupart disparus.
Le centre ville de La Havane ressemble donc à une ville espagnole, avec une population métissée, et un air alangui. L'architecture est belle, relativement soignée, on y trouve des cafés, des restaurants, quelques boutiques, où l'on n'a malgré tout pas envie d'acheter.
Ce centre est constitué de quelques jolies rues, bordées de petits immeubles à l'architecture agréable, conduisant à la place de la Cathédrale.
Cette partie de la ville est relativement animée, concentrant la majorité des restaurants, destinés généralement aux touristes.
Du fait de cette présence des touristes, on peut trouver tous les clichés, comme les lieux où Hemingway est passé... essentiellement des bars, d'ailleurs, comme la Bodeguita del Medio.
Décor typique, chaleureux, qui ne manque pas de charme. On admire, un mojito à la main. Ambiance locale, et dans un coin près de l'entrée, un groupe de musiciens entonne Chan Chan, premier titre de l'album Buena Vista Social Club. Très bons musiciens, les femmes chantent parfaitement bien. On s'y croirait.
Les musiciens... à tous les coins de rue, dans tous les bars, tous les restaurants, tous les hôtels, il y a des musiciens. Avec le cigare, la musique est une spécialité locale. Parfois envoutante quand elle est authentique et bien interprétée, parfois lassante, quand c'est le énième Guantanamera touristique.
Ces groupes ne manquent pas de venir réclamer quelques pesos, ou de vendre leur CD. Il faut bien vivre, dans un pays à l'économie aussi peu prospère. L'Etat a d'ailleurs décidé d'autoriser 178 métiers indépendants, moyennant licence. Ces métiers sont aussi divers que variés : restauration, logement chez l'habitant, coiffeur... et souvent dirigés vers le tourisme. Dans le centre ville, surtout du côté de la cathédrale, il n'est donc pas rare de croiser quelques "figures locales", vieilles femmes créoles fumant leur barreau de chaise, ou autres amuseurs de rues, monnayant l'autorisation d'une photo contre quelques piécettes.
Si l'on sort de cet hypercentre touristique, la réalité est moins agréable : les rues sont défoncées, les immeubles prêts à s'écrouler, l'éclairage public quasi inexistant. A la nuit tombée, il vaut mieux regarder où l'on met les pieds.
Comme on peut le voir, l'architecture est là, et La Havane pourrait être une très jolie ville, mais il y a du boulot. Elle a même dû être une très belle ville par le passé.
Vu d'en haut, voilà ce que çà donne. Comme on peut le voir, il n'y a qu'une grue. Les immeubles sont en ruines, mais il n'y a aucun programme de rénovation.
Au fond, sur la dernière image, on aperçoit le capitole, à l'architecture aussi pompeuse et prétentieuse que celui de Washington. On voit bien que Cuba a été une quasi colonie de l'Oncle Sam à une époque. Ci-dessous, le même, de près :
On retrouve aussi le kitsch américain dans la voiture garée devant le parvis. Ces voitures sont d'ailleurs l'un des symboles de Cuba. Elles sont omniprésentes, complètement rapiécées, et la lourde fumée nauséabonde qui se dégage des pots d'échappement témoigne du nombre de kilomètres parcourus, qui se compte en centaines de milliers. La Havane est emplie de cette fumée, qui sature l'air de son odeur âcre et fortement désagréable. Les contrôles techniques et les normes antippolution sont encore bien loin.
Mais posséder ce type de véhicule est un luxe, vu la quasi absence de transports publics dans le pays. Il existe bien des bus, mais au vu du nombre de personnes qui attendent aux arrêts, les fréquences et les horaires semblent bien imprécis.
Ce qui frappe, à la périphérie de La Havane, c'est aussi le nombre de personnes postées à chaque carrefour, et qui attendent qu'un véhicule les prenne en stop. En dehors de la ville, on peut aussi voir de nombreuses personnes marcher le long des routes, loin de tout lieu habité, et allant on ne sait où. On peut voir aussi beaucoup de voitures en panne.
Dans La Havane, les moyens de transport, à défaut d'être efficaces, sont variés, et témoignent de l'esprit de débrouille. On trouve par exemple des bus, certains plus vraiment en état de marche.
On trouve aussi beaucoup de motos side-cars hors d'âge :
Après, on trouve des moyens semi-publics, comme ces vélos taxis (sponsorisé ?)
ou les cocos taxis, très prisés des touristes :
Le poste de commande :
Et pour le plaisir, façon Nanni Morettin dans Journal Intime, petite traversée du centre, entre les voitures fumantes :