1 novembre 2009
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Le titre complet est : Comme des Lions. Mai Juin 1940. Le sacrifice héroïque de l'armée française.
Ce livre cherche à balayer les idées reçues sur une période honteuse de l'histoire française. Et en effet, ce que j'ai toujours appris, c'est que l'armée française de 1940 ne s'est pas battue. Elle a fui devant l'armée allemande, dans une débandade désordonnée et peu glorieuse.
Par ailleurs, les images que l'on a tous en mémoire de cette période sont des images d'exode : civils en fuite, parmi lesquels quelques soldats, perdus, fuyant aussi, dans tous les sens. Alors que les images de 1914 nous montrent des soldats souffrant dans les tranchées, avant de monter courageusement à l'assaut, dans un ultime sacrifice.
On a aussi appris qu'en 1940, le soldat français, non content d'être peureux et non combattif,s était également mal équipés. L'armée française de cette époque aurait été en retard d'une guerre, n'ayant ni chars ni avions, face à une Wehrmacht ayant pléthore d'avions et de chars modernes et efficaces.
Seulement, si l'on compare ces éléments avec les récits de nos grand-parents, on constate en général un gros décalage. Mes grand-pères, ayant respectivement 37 et 39 ans à l'époque, faisaient partie des lignes arrières, et n'ont donc pas en l'occasion de combattre vraiment. L'un d'entre eux fut tout de même blessé très rapidement. Parmi les gens de leur génération ayant quelques années de moins, le plupart m'ont raconté des récits de combats acharnés avec, au bout, la frustration de ne pouvoir exploiter une situation souvent à leur avantage.
Ces récits sont corroborés par le livre de Dominique Lormier, qui redonne leur honneur à tous ces gens, obligés de se battre, 20 ans après la boucherie de 14-18, et qui ont donné le maximum de leur personne.
Ce livre n'énonce pas une théorie, mais nous raconte des faits, précis, avérés, confirmés par de nombreuses sources citées et vérifiées, et notamment les archives de l'armée française, confirmées par les archives de l'armée allemande.
Passionnant, il se lit comme un roman, les différentes phases de la guerre s'enchainant clairement. Qu'apprend-on à cette occasion ?
L'armée française était-elle en retard d'une guerre, par rapport à l'armée allemande ? Oui et non. L'armée française de 1940 n'avait plus grand chose à voir avec celle de 1918. Elle possédait des chars parmi les plus modernes de cette époque, souvent même plus efficaces que les Panzer de la Wehrmacht. Les combats de chars, très violents, tournaient souvent à l'avantage des chars français, du moins au début.
La ligne Maginot est-elle responsable de la défaite ? Encore une fois, oui et non. Certes, la ligne Maginot n'a pas protégé la France de l'invasion, et elle a de plus immobilisé de nombreux hommes, qui n'ont pas pu parciper aux combats. En dehors de cela, la Wehrmacht a attaqué justement à l'endroit non protégé par la ligne Maginot. Et au jour de l'armistice, la ligne Maginot résistait encore.
Que s'est-il donc passé ? D'après Dominique Lormier, les responsabilités sont nombreuses.
Principalement, il s'agit d'erreurs de stratégie, de commandement, de politique.
Le matériel n'était pas si mauvais. Toutefois, il était mal utilisé. Les chars, de très bonne qualité pour un nombre significatif d'entre eux,souvent même supérieurs aux Panzers, étaient utilisés de façon isolée, et "étalés" sur le front. Face à eux, des chars regroupés, soutenus par de la logistique, de l'infanterie, de l'aviation, pouvant se ravitailler à tout moment. La Wehrmacht, c'est finalement un système d'arme cohérent.
Qui plus est, la conception de nos chars présentait apparemment quelques défauts, dont les principaux étaient l'absence ou l'insuffisance de communications radio, et la taille de la tourelle, donnant trop de tâches à accomplir au chef de char.
Les erreurs viennent donc surtout du commandemant : erreurs de stratégie, revirements réguliers, indécision, mauvais emploi des moyens, manque de perspicacité, d'un état-major vieillissant, faisant partie d'une élite n'ayant visiblement qu'une connaissance théorique de la guerre, et incapable de remettre en question ses trop grandes certitudes. En face, un commandemant allemand plus jeune, allant de l'avant, plein d'audace et d'imagination. Une audace d'ailleurs risquée, et qui aurait pu être fatale à plusieurs reprises.
Dominique Lormier met toute la responsabilité sur les politiques et le commandemant, dédouanant les soldats, et leur rendant justice, donnant tous les éléments pour prouver qu'ils se sont héroïquement battus. Les preuves ? Le nombre de morts, beaucoup plus important qu'en 14-18 durant la même période. Les pertes, tant humaines que matérielles de l'armée allemande, beaucoup plus importantes que ce que l'on a cru. La Wehrmacht aurait subi plus de pertes pendant la campagne de France qu'à Stalingrad.
Nos ancêtres reçoivent un hommage enfin mérité, par ce livre palpitant, qui se lit comme un roman, et qui rend amer devant un tel gâchis et devant autant d'occasions manquées.
Ce livre m'a entraîné dans une digression, et refait se poser des questions sur l'armée actuelle, que nous aimons glorifier tous les 14 juillet. Elle m'apparaît finalement moins performante que celle de 40. Soumise à revirements politiques et budgéraires incessants, elle ne dispose jamais du matériel dont elle a besoin, au moment où elle en a besoin. Ce matériel a en général plus que 20 ans.
Lors de mon service national, il y a de cela un certain nombre d'années, j'ai été extrêment surpris par l'état de déliquessence de certains de nos régiments, présentés comme le fleuron de notre armée.
La moitié des chars servaient de réserve à pièces détachées pour le reste. D'ailleurs, ils n'étaient pas équipés comme le cahier des charges le préconisait. Les performances n'étaient souvent que théoriques. Les fusils s'enraillaint facilement. J'avais aussi l'impression que le matériel était presque toujours inadapté, compliquant inutilement chaque tâche. En tant qu'officier, je devais régulièrement me battre pour que les hommes du rang puissent avoir des tenues à leur taille. Espérons que cela s'est amélioré, mais j'ai entendu récemment un soldat engagé en Afghanistan se plaindre du matériel, et notamment des gilets pare-balles, trop grands ou trop petits. Le genre de détail, apparemment insignifiant, mais qui peut coûter la vie à un homme et faire perdre une guerre.
Ce qui m'avait choqué également était le comportement des cadres professionels. Un nombre significatif me sont apparus davantage comme des fonctionnaires du ministère de la défense que comme des soldats. Le principal objectif de ceux-ci était surtout de toucher leur solde et un maximum d'indemnités pour rembourser le crédit de leur voiture neuve.
Les hommes du rang étaient des appelés, venant pour la plupart de banlieues dites sensibles de Seine-Saint-Denis ou du Nord. A leur égard, l'encadrement manifestait bien souvent un mépris certain, teinté d'un racisme important. Et contrairement aux idées reçues, les cadres les plus proches de leurs hommes et du terrain étaient en général des adjudants ou des officiers anciens sous-officiers, donc ne provenant pas de Saint-Cyr.
Pourtant, et cela m'a aussi étonné, ces appelés, en situation d'échec dans le civil, mal considérés par certains officiers, pouvaient se révéler efficaces. A conditions d'être bien commandés, c'est à dire fermement, mais avec justice, respect et considération. Certains m'ont raconté, avec beaucoup de fierté, avoir participé à des manoeuvres avec l'armée américaine. Les appelés français, mal équipés, pouvaient parcourir leurs 20-30 kilomètres à pied, alors que les professionnels américains, suréquipés, s'arrêtaient épuisés au bout d'un ou deux kilomètres, attendant le premier véhicule.
Comment cela est-il devenu avec la professionnalisation des armées, je n'en ai aucune idée. Mais j'ai l'impression que ce qui a manqué en 1940 (à savoir du matériel bien employé et des hommes bien commandés), manquait encore il y a quelques années, alors que beaucoup de soldats de deux époques étaient courageux et prêts à se sacrifier.
Ce livre cherche à balayer les idées reçues sur une période honteuse de l'histoire française. Et en effet, ce que j'ai toujours appris, c'est que l'armée française de 1940 ne s'est pas battue. Elle a fui devant l'armée allemande, dans une débandade désordonnée et peu glorieuse.
Par ailleurs, les images que l'on a tous en mémoire de cette période sont des images d'exode : civils en fuite, parmi lesquels quelques soldats, perdus, fuyant aussi, dans tous les sens. Alors que les images de 1914 nous montrent des soldats souffrant dans les tranchées, avant de monter courageusement à l'assaut, dans un ultime sacrifice.
On a aussi appris qu'en 1940, le soldat français, non content d'être peureux et non combattif,s était également mal équipés. L'armée française de cette époque aurait été en retard d'une guerre, n'ayant ni chars ni avions, face à une Wehrmacht ayant pléthore d'avions et de chars modernes et efficaces.
Seulement, si l'on compare ces éléments avec les récits de nos grand-parents, on constate en général un gros décalage. Mes grand-pères, ayant respectivement 37 et 39 ans à l'époque, faisaient partie des lignes arrières, et n'ont donc pas en l'occasion de combattre vraiment. L'un d'entre eux fut tout de même blessé très rapidement. Parmi les gens de leur génération ayant quelques années de moins, le plupart m'ont raconté des récits de combats acharnés avec, au bout, la frustration de ne pouvoir exploiter une situation souvent à leur avantage.
Ces récits sont corroborés par le livre de Dominique Lormier, qui redonne leur honneur à tous ces gens, obligés de se battre, 20 ans après la boucherie de 14-18, et qui ont donné le maximum de leur personne.
Ce livre n'énonce pas une théorie, mais nous raconte des faits, précis, avérés, confirmés par de nombreuses sources citées et vérifiées, et notamment les archives de l'armée française, confirmées par les archives de l'armée allemande.
Passionnant, il se lit comme un roman, les différentes phases de la guerre s'enchainant clairement. Qu'apprend-on à cette occasion ?
L'armée française était-elle en retard d'une guerre, par rapport à l'armée allemande ? Oui et non. L'armée française de 1940 n'avait plus grand chose à voir avec celle de 1918. Elle possédait des chars parmi les plus modernes de cette époque, souvent même plus efficaces que les Panzer de la Wehrmacht. Les combats de chars, très violents, tournaient souvent à l'avantage des chars français, du moins au début.
La ligne Maginot est-elle responsable de la défaite ? Encore une fois, oui et non. Certes, la ligne Maginot n'a pas protégé la France de l'invasion, et elle a de plus immobilisé de nombreux hommes, qui n'ont pas pu parciper aux combats. En dehors de cela, la Wehrmacht a attaqué justement à l'endroit non protégé par la ligne Maginot. Et au jour de l'armistice, la ligne Maginot résistait encore.
Que s'est-il donc passé ? D'après Dominique Lormier, les responsabilités sont nombreuses.
Principalement, il s'agit d'erreurs de stratégie, de commandement, de politique.
Le matériel n'était pas si mauvais. Toutefois, il était mal utilisé. Les chars, de très bonne qualité pour un nombre significatif d'entre eux,souvent même supérieurs aux Panzers, étaient utilisés de façon isolée, et "étalés" sur le front. Face à eux, des chars regroupés, soutenus par de la logistique, de l'infanterie, de l'aviation, pouvant se ravitailler à tout moment. La Wehrmacht, c'est finalement un système d'arme cohérent.
Qui plus est, la conception de nos chars présentait apparemment quelques défauts, dont les principaux étaient l'absence ou l'insuffisance de communications radio, et la taille de la tourelle, donnant trop de tâches à accomplir au chef de char.
Les erreurs viennent donc surtout du commandemant : erreurs de stratégie, revirements réguliers, indécision, mauvais emploi des moyens, manque de perspicacité, d'un état-major vieillissant, faisant partie d'une élite n'ayant visiblement qu'une connaissance théorique de la guerre, et incapable de remettre en question ses trop grandes certitudes. En face, un commandemant allemand plus jeune, allant de l'avant, plein d'audace et d'imagination. Une audace d'ailleurs risquée, et qui aurait pu être fatale à plusieurs reprises.
Dominique Lormier met toute la responsabilité sur les politiques et le commandemant, dédouanant les soldats, et leur rendant justice, donnant tous les éléments pour prouver qu'ils se sont héroïquement battus. Les preuves ? Le nombre de morts, beaucoup plus important qu'en 14-18 durant la même période. Les pertes, tant humaines que matérielles de l'armée allemande, beaucoup plus importantes que ce que l'on a cru. La Wehrmacht aurait subi plus de pertes pendant la campagne de France qu'à Stalingrad.
Nos ancêtres reçoivent un hommage enfin mérité, par ce livre palpitant, qui se lit comme un roman, et qui rend amer devant un tel gâchis et devant autant d'occasions manquées.
Ce livre m'a entraîné dans une digression, et refait se poser des questions sur l'armée actuelle, que nous aimons glorifier tous les 14 juillet. Elle m'apparaît finalement moins performante que celle de 40. Soumise à revirements politiques et budgéraires incessants, elle ne dispose jamais du matériel dont elle a besoin, au moment où elle en a besoin. Ce matériel a en général plus que 20 ans.
Lors de mon service national, il y a de cela un certain nombre d'années, j'ai été extrêment surpris par l'état de déliquessence de certains de nos régiments, présentés comme le fleuron de notre armée.
La moitié des chars servaient de réserve à pièces détachées pour le reste. D'ailleurs, ils n'étaient pas équipés comme le cahier des charges le préconisait. Les performances n'étaient souvent que théoriques. Les fusils s'enraillaint facilement. J'avais aussi l'impression que le matériel était presque toujours inadapté, compliquant inutilement chaque tâche. En tant qu'officier, je devais régulièrement me battre pour que les hommes du rang puissent avoir des tenues à leur taille. Espérons que cela s'est amélioré, mais j'ai entendu récemment un soldat engagé en Afghanistan se plaindre du matériel, et notamment des gilets pare-balles, trop grands ou trop petits. Le genre de détail, apparemment insignifiant, mais qui peut coûter la vie à un homme et faire perdre une guerre.
Ce qui m'avait choqué également était le comportement des cadres professionels. Un nombre significatif me sont apparus davantage comme des fonctionnaires du ministère de la défense que comme des soldats. Le principal objectif de ceux-ci était surtout de toucher leur solde et un maximum d'indemnités pour rembourser le crédit de leur voiture neuve.
Les hommes du rang étaient des appelés, venant pour la plupart de banlieues dites sensibles de Seine-Saint-Denis ou du Nord. A leur égard, l'encadrement manifestait bien souvent un mépris certain, teinté d'un racisme important. Et contrairement aux idées reçues, les cadres les plus proches de leurs hommes et du terrain étaient en général des adjudants ou des officiers anciens sous-officiers, donc ne provenant pas de Saint-Cyr.
Pourtant, et cela m'a aussi étonné, ces appelés, en situation d'échec dans le civil, mal considérés par certains officiers, pouvaient se révéler efficaces. A conditions d'être bien commandés, c'est à dire fermement, mais avec justice, respect et considération. Certains m'ont raconté, avec beaucoup de fierté, avoir participé à des manoeuvres avec l'armée américaine. Les appelés français, mal équipés, pouvaient parcourir leurs 20-30 kilomètres à pied, alors que les professionnels américains, suréquipés, s'arrêtaient épuisés au bout d'un ou deux kilomètres, attendant le premier véhicule.
Comment cela est-il devenu avec la professionnalisation des armées, je n'en ai aucune idée. Mais j'ai l'impression que ce qui a manqué en 1940 (à savoir du matériel bien employé et des hommes bien commandés), manquait encore il y a quelques années, alors que beaucoup de soldats de deux époques étaient courageux et prêts à se sacrifier.