Ce film, réalisé en 1932, fait partie d'un coffret DVD Ozu. La version qui y est présentée est muette, sans aucun son, même pas le piano habituel. On n'a que les sous-titres. Durée : près d'une heure et demie.
On se rend compte que c'est du pur muet quand le film démarre, et là, on regrette déjà de l'avoir mis. Mais quand c'est commencé, on continue, et puis si je l'ai acheté, ce n'est pas pour le laisser au fond d'un placard.
On reste par curiosité, et puis on se laisse emporter par l'histoire, en oubliant très rapidement l'absence de bande son.
Le film commence par la description de la vie dans une université de Tôkyô. Une bande de copains, dont Tetsuo, suit des études, de façon insouciante, potache, visiblement sans grand sérieux. Leur principale préoccupation est visiblement de s'amuser, faire des blagues aux copains et aux profs, tricher pendant les examens, et séduire la jeune et charmante serveuse du bar.
Malgré tout, le père de Tetsuo, riche chef d'entreprise, visiblement aussi mariole que son fils, et apparemment grand buveur, meurt prématurément. Tetsuo doit donc reprendre l'entreprise, et la diriger de façon sérieuse, alors qu'il semble plus intéressé à séduire les secrétaires, à s'amuser avec les copains, et à sortir avec la jeune serveuse du bar de l'université.
Difficile passage de l'adolescence à l'âge adulte, difficile décalage entre sa nouvelle condition de riche chef d'entreprise et son amitié pour ses copains plus modestes. Difficultés sentimentales aussi : fréquenter une jeune fille de petite condition n'est pas aisé à cette époque, et il faut tenir bon pour refuser les nombreuses propositions de mariage. Et puis il y a, enfin, le test de l'amitié, quand le copain se laisse également séduire par la même jeune fille.
Les 90 minutes sont finalement très vite passées. Malgré son sérieux, le sujet est traité de façon presque légère.
On est aussi surpris par ce que le film nous donne à voir du Japon de 1932. On l'imagine conservateur, nationaliste, belliqueux, militariste, embrigadé. Et l'on voit au contraire une jeunesse insouciante, rigolarde, farceuse, et des jeunes filles très charmeuses, séductrices, délurées, qui ne sont pas sans rappeler les jeunes japonaises d'aujourd'hui, avec leur sourire et leurs minauderies.
Petite surprise aussi, à la fin, où l'on voit rapidement la ville de Tôkyô. Un train s'éloigne dans une ville moderne, faite de grands et hauts immeubles. Les trains sont déjà électriques. Un Japon très moderne, malgré la forte présence de ses traditions. Comme aujourd'hui, finalement.