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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 15:11
Ce numéro spécial s'articule en 4 parties :

- Après la crise, la crise.
- Une histoire controversée.
- Danse triangulaire.
- Une société dynamique.

Le début nous fait craindre une énième série d'articles sur le Japon, pays horrible, qui n'aurait que des problèmes. Les médias français adorent ce genre de sujet raccoleur. Et c'est vrai qu'au début de ce magasine, on parle surtout de "génération perdue", d'exclus, d'augmentation des inégalités.

Mais au final, on a surtout une série d'articles très sérieux, écrits par des personnes hautement crédibles, qui font le tour de la société japonaise, de façon complète, sans recherche de spectaculaire. Ce sont vraiment des articles de fond et de réflexion, où le Japon n'est pour une fois pas mis au banc des accusés, mais placé dans sa situation de pays particulier et complexe.

Certains articles sont anciens, mais remettent du coup les choses en perspective.

Ce que j'en retiens, c'est que le Japon est un pays original, dans la mesure où rapidement, il s'est trouvé dans une situation ambigüe vis-à-vis des pays occidentaux. C'est cette ambigüité qui le poursuit toujours. Au milieu du XIXème siècle, les Occidentaux soumettent la Chine, et cherchent à soumettre le Japon. Ce dernier fait alors le choix, pour ne pas sombrer comme ses voisins, et pour rester lui-même, d'adopter les mêmes méthodes que les Occidentaux. L'alternative est simple : être dominé ou dominer soi-même. Rester seul dans son coin n'est plus possible.

Le Japon entame alors une course vers le modernisme, pour se mettre à la hauteur de l'Europe et des Etats-Unis. Ensuite, face à l'expansionisme colonisateur occidental, il réclame sa part du gâteau. Ayant acquis les moyens économiques et technologiques des pays les plus avancés, il colonise ses voisins. On a beaucoup reproché au Japon son expansionisme. Mais finalement, son principal tord, aux yeux des vainqueurs de septembre 1945 n'est pas tant d'avoir massacré des Chinois et des Coréens que d'avoir chassé les Français du Viet-Nam, les Anglais de Birmanie et les Américains d'une partie du Pacifique.

Comme le dit un article, la mémoire japonaise est sélective. Mais les réactions occidentales l'ont été également : quasi inexistantes après Nankin, excessives après Pearl Harbour, jusqu'aux criminels bombardements de Tôkyô, Hiroshima et Nagasaki. Sans excuser le moins du monde les crimes japonais, on voit ici nettement que l'histoire a été écrite par les Vainqueurs.

En ce qui concerne le Japon d'après-guerre, on voit que l'ambigüité continue. Ce Japon détruit, rasé, aux villes rayées de la carte, renaît de ses cendres à une vitesse fulgurante, au point de devenir en très peu de temps la deuxième puissance économique mondiale. Politiquement sous le joug américain, économiquement financier des mêmes Etats-Unis, on va lui reprocher sa puissance.

Les articles sur le protectionnisme japonais et l'anti-japonisme américain des années 1980 sont très intéressants. On y voit que finalement, les Etats-Unis pratiquent bien davantage le protectionnisme, et que l'on reproche systématiquement au Japon ce que les Etats-Unis lui dictent. Cela s'est même senti en France, où le Japon était très critiqué et jalousé dans les années 1980. Le Japon faisait peur : il s'occidentalisait, on lui reprochait de copier et de ne pas savoir créer ; il gardait sa culture et sa personnalité, on lui reprochait sa différence.

On entend d'ailleurs toujours cette réflexion : "cest un pays à part". "C'est vraiment un pays différent". Surtout en France, pays qui revendique par ailleurs son exception culturelle et le droit à la différence.

Cette revue retrace donc l'histoire d'un pays différent. Différent de ses voisins asiatiques dans la mesure où il n'a pas vraiment subi la colonisation et où il a réussi à faire jeu égal avec les Occidentaux, en en adoptant les moyens et les méthodes. Différent malgré tout des pays occidentaux dans la mesure où il a gardé sa culture et sa mentalité. Une différence difficile à affirmer.

Aujourd'hui, avec la montée en puissance de la Chine, l'immense voisin, le Japon est à la croisée des chemins. Il a désormais le choix entre continuer à se soumettre politiquement au dominateur Oncle Sam, à changer de camp en faisant allégeance à la Chine, ou bien à tracer sa propre voix. C'est ce qu'il a commencé à faire sur les plans culturel (manga, anime) et technologique, mais cela n'est pas suffisant, et de nombreux problèmes restent à résoudre afin de pouvoir se faire entendre et respecter.

Cela n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'Europe, qui a une carte à jouer, à condition de se donner les moyens de se faire entendre.

Faute de quoi, le monde va redevenir bi-polaire.
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