vignoble et vins d'Alsace en 2010

Qui dit séjour en Alsace dit forcément route des vins, dégustation chez les producteurs, au moins.

Je me suis aussi arrêté dans les vignes, que j'ai trouvées fort différentes de l'apparence qu'elles avaient lors de mon précédent séjour, en 2006.

A l'époque, entre Riquewihr et Kaysersberg, j'avais vu mes premières vignes enherbées. Elles représentaient vraiment l'exception, et encore, l'enherbement ne se faisait qu'un rang sur deux. Voici quelques photos prises en 2006.

Je les ai ressorties, pour vérifier que mon impression de cette année était bonne. Et en effet, en 2010, donc 4 ans plus tard, les vignes désherbées sont devenues très rares, la très grande majorité étant enherbées, et pas seulement un rang sur deux.

La différence saute aux yeux entre cette vigne-ci,

au sol tassé et aux résidus d'herbes brûlés par les produits chimiques d'une part, et cette vigne-là

On est à un autre extrême, à savoir des gewurztraminer en biodynamie : terre meuble, peuplée de dizaines de plantes.

Entre les deux, on peut trouver ce style, très certainement en viticulture raisonnée :

Personnellement, j'ai vraiment été impressionné par cette évolution. J'ai lu et entendu à de nombreuses reprises que la viticulture représentait 3 % des surfaces cultivées mais 20 % de la consommation de produits agricoles de synthèse. Lors de mon stage dans le Bordelais, en septembre 2007, j'avais malgré tout ressenti que ce secteur était en train d'évoluer très vite vers des pratiques bio ou raisonnées.

En très peu de temps, j'ai le sentiment que la viticulture est en train de passer du statu de vilain petit canard à celui de locomotive en matière d'évolution vers des pratiques plus respectueuses de l'environnement.

Après avoir visité les vignes, je me suis arrêté chez quelques producteurs, dont les trois suivants, qui sont par hasard en biodynamie, totale ou partielle, pas forcément revendiquée d'ailleurs.

Chez René Muré, je me suis arrêté à la boutique de Colmar, ce qui est très pratique, cette boutique se trouvant au rez-de-chaussée de la maison Pfister, en plein centre ville. On ne peut donc pas la louper. Toute la gamme est là, au prix de la cave, ainsi que quelques vins d'autres producteurs d'autres régions, qui m'ont paru fort intéressants. Il faut que j'y retourne !

Les employés du magasin sont très accueillants, on peut déguster cette superbe gamme, depuis les cuvées Signature, nouveau nom des cuvées "de base", aux Clos Saint-Landelin, en passant par la gamme Côte de Rouffach. Tous les vins sont bien entendu de très bonne qualité dans cette maison pluri-centenaire.

Second producteur, Barmès-Buecher, à Wettolsheim, au sud-ouest de Colmar. Un autre viticulteur en biodynamie, aux superbes Gewurztraminer, l'un d'entre eux devant par ailleurs faire l'objet d'un prochain article.

Accueil chaleureux par la "patronne", Geneviève, qui m'a fait découvrir sa gamme de riesling, et qui a pris le temps de m'expliquer le travail de sa maison, avec sourire et enthousiasme. Là aussi, on fait dans la qualité et la régularité.

Enfin, belle découverte, au domaine Martin Schaetzel, à Ammerschwihr, où je suis allé un peu par hasard. Bien qu'étant arrivé à un moment peu opportun, j'ai été très bien reçu, par deux membres de l'équipe qui ont pris le temps de me faire déguster une gamme fort intéressante. Cette maison ne revendique pas sa biodynamie, pour ne pas en faire un argument marketing, mais seulement une méthode de travail.

Quant aux vins, j'ai été séduit par le pinot blanc, début de gamme déjà savoureux, et le riesling Grand Cru Kaefferkopf granit 2008, un vin superbe et complexe, élégant et aérien. Au départ, j'étais venu surtout pour les Rangen de Thann, mais j'ai bien fait de m'aventurer sur les autres sentiers.

Les quelques bouteilles que j'ai ramenées de ces domaines vous seront bien entendu présentées dans de futurs articles, au fur et à mesure de leurs dégustations.