Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 16:42

Cette nouvelle fait actuellement beaucoup de bruit, d'une part parce que l'investisseur est un Chinois, et parceque la transaction s'est conclue à un prix dépassant largement les estimations (8 millions € contre 3,5 millions).

 

Les réactions à cette nouvelle sont généralement négatives, ce que je trouve disproportionné. Changeons simplement les mots, et imaginons les réactions avec le titre suivant : "Un Belge rachète 2 hectares en Côteaux du Languedoc". Je serais prêt à parier gros qu'il n'y aurait aucune réaction.

 

D'une part, un vignoble, quelqu'il soit d'ailleurs, c'est de la terre, une partie de la nation, et il est toujours difficile de la voir cédée à des étrangers. Toutefois, Gevrey-Chambertin présente la caractéristique d'être une appellation prestigieuse, et de faire partie de patrimoine national, au même titre que le Louvre ou la Tour Eiffel. Y voir un étranger est donc perçu comme une invasion, voire à un départ de cette terre vers un pays lointain, à l'image de ces châteaux qui sont reconstruits pierre par pierre à l'autre bout du monde.

 

D'autre part, l'acheteur est un Chinois, et au pays des Droits de l'Homme, un Chinois est perçu comme beaucoup plus menaçant qu'un Belge, lui-même plus inquiétant qu'un Français. Cela correspond à un vieux réflexe de repli sur soi, le fameux esprit de clocher, à cause duquel un Français venant d'une autre région peut se voir mettre des bâtons dans les roues par les vignerons locaux, tout simplement parcequ'il n'est pas d'ici.

 

Finalement, ce qui importe le plus au vignoble, c'est que la qualité soit bonne, et que tous les intervenants puissent vivre de leur travail. Que quelques hectares soient possédés par un Français, un Belge, un Chinois ou un Martien ne peut être qu'anecdotique. Il n'est d'ailleurs pas rare que des étrangers investissent dans le vignoble français, avec succès, pour eux et pour le vin français : Peter Fischer ou les Duperré-Barrera en Provence, Suntory au Château Lagrange, et j'en passe. Je préfère un étranger investissant pour produire un vin de qualité plutôt qu'un Français achetant des sommes exorbitantes un domaine prestigieux dans le seul but de rajouter un diamant à son diadème. Ce Français ne va contribuer qu'à créer un vignoble à deux vitesses, se désintéressant totalement du vin.

 

Nous devrions par contre faciliter l'accès à la vigne aux Français cherchant à se lancer dans la viticulture, au lieu de camper sur une position bêtement défensive, et se réjouir en parallèle que les étrangers s'intéressent à notre vignoble. Cela est en effet la preuve que nos vins attirent les étrangers, qu'ils gardent encore une image très forte.

 

A la condition d'exiger que chaque investisseur, quelque soit son origine, ait un objectif positif et qualitatif, nous devrions nous réjouir du fait que notre vignoble attire les étrangers, et que ces derniers y investissent, contribuant ainsi à un enrichissement financier de notre pays.

 

Réjouissons-nous également que des Français investissent à l'étranger, y apportant notre savoir-faire et en ramenant des idées nouvelles.

Partager cet article
Repost0

commentaires