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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 20:44

Départ par le Kodama Shinkansen de 10 h 13. Le soleil a l'air de vouloir revenir. Arrivée à Kyôto à 11 h 37. Il fait très chaud. Je suis heureux de retrouver Kyôto, comme on retrouve une vieille maîtresse. Je suis venu voir les préparatifs du Gion Matsuri. Je ne pourrai hélas pas assiter au matsuri lui-même le 17, car je dois retravailler à Paris le 15.

J'espère que je ne serai pas déçu et que je n'ai pas trop d'attentes de cette ville, qui a toujours su me réserver de belles surprises, et dans laquelle je me sens tellement bien. Du bus, la ville ne me paraît pas spécialement attirante, d'autant que le temps est légèrement couvert.

 

Il faut savoir que Kyôto, avec ses rues perpendiculaires et ses grandes avenues, se présente de prime abord comme une ville moderne sans charme, et non comme la ville traditionnelle qu'elle est. C'est peut-être cet aspect plus que superficiel des choses qui a fait au mari de Carla Bruni, qui fait actuellement office de Président de la République Française, que Kyôto était une ville sinistre, insultant par la même occasion l'ensemble du peuple japonais, pour qui Kyôto est LA ville emblématique de la culture japonaise.

 

Et c'est vrai qu'en approndissant ne serait-ce qu'un minimum, en ne se contentant de rester à la superficie la plus immédiate des choses, Kyôto se révèle à la fois être une ville moderne très animée, et un conservatoire vivant de tout ce que la culture jaonaise a pu et peut produire de plus beau et de plus raffiné. Mais il est vrai que le clinquant, le vulgaire et le tape à l'oeil sont étrangers à cette culture, et donc à cette ville.

 

J'ai réservé, avant de partir de Paris, quatre nuits au ryôkan Rikiya, qui se trouve à Higashiyama, à l'est de Gion, le quartier des geishas, entre Maruyama-Kôen et Kiyomizu-dera. Kôen = parc et dera = temple, donc inutile d'écrire, comme le font la plupart des guides, Parc Maruyama-kôen ou temple Kiyomizu-dera. Est-ce que les guides écrivent "cathédrale Notre-Dame de Paris Cathedral" ?

 

Le ryôkan se trouve dans un très joli quartier traditionnel, entouré de temples, tous plus beaux les uns que les autres, de superbes boutiques traditionnelles et de petites rues typiques. Le ryôkan lui-même est une construction ancienne, blanche, avec un joli jardin à l'entrée.

 

 

 

L'intérieur, ancien, est tout à fait classique. Le prix de 10 000 yens n'est justifié que par la situation. Dans un autre secteur, on n'aurait pas dépassé de beaucoup les 5-6 000 yens. C'est toutefois beaucoup moins sinistre, plus charmant et mieux tenu que Yamaki à Itô. Ma chambre est au rez-de-chaussée et donne sur un petit jardin. Les patronnes sont des mamies curieuses et obséquieuses, à la modu du Kansai.

 

Je me renseigne sur le programme du Gion Matsuri ; elles m'apprennent que du côté de Shijô Karasuma (à l'ouest de Gion), des chars sont en construction, pour le défilé du 17 juillet). J'en fais mon but de promenade.

 

Je passe évidemment par Maruyama Kôen et Yasaka Jinja (sanctuaire Yasaka, mon préféré à Kyôto), où je ne manque pas de faire une prière, comme à chaque fois que j'arrive à Kyôto. Sur l'estrade au centre du sanctuaire, un homme récite la légende d'Amaterasu, sous le regard de trois geishas assises sur le côté. Kyôto n'a finalement pas mis longtemps à m'offrir son premier cadeau.

 

 

Je repars à pied, et fais un détour par Hanamikoji (rue typique, pleine de de restaurants tradtionnels, dans Gion) et Miyagawa-chô (petite rue, au sud de Gion, où se trouvent la plupart des maisons de geishas), dans l'espoir d'apercevoir des maikos (apprenties geishas). Juste avant Miyagawa-chô, je m'arrête chez un coiffeur.

 

En bavardant, il m'indique qu'à 18h00, a lieu une cérémonie au Yasaka Jinja. Ce sera la sortie des mikoshis (autels portatifs en bois), dont un doit être emmené à la rivière Kamo pour être béni.

 

Je continue ma promenade, et retrouve facilement Miyagawa-chô. Mais cette fois-ci, pas de chance, je ne vois pas une seule maiko. Mais soudain, en passant devant la seule construction moderne de la rue, un gros bloc de béton devancé par un parking, je vois tout un groupe de maikos sortant de ce bâtiment, toutes en yukata. Je rentre pour me renseigner sur l'identité de ce lieu. Je tombe sur une vieille geisha, qui ne semble rien comprendre à mes questions. Je ne comprends pas davantage ses réponses, sauf que je dois revenir le lendemain, à partir de 11h30.

 

Je repars en promenade, et sur Shijô Karasuma, en effet, plusieurs chars sont en construction. Pour le moment, ils ne laissent pas imagnier l'allure qu'ils auront une fois achevés. Chacun d'entre eux se trouve devant une maison, dont le rez-de-chaussée est grand ouvert, et où l'on peut voir les ouvriers et le matériel, uniquement des cordes et des morceaux de bois.

 

La base des chars est constituée d'une armature faite de grosses poutres en bois, tenues entre elles uniquement par des cordes. C'est tout un art, et c'est très impressionnant quand on sait qu'une fois terminé, ce genre de véhicule peut au maximum peser 7 tonnes, mesurer plus de 30 mètres, et rouler grâce à des roues en bois de 2 mètres de diamètre, tiré par des dizaines de personnes, en transportant une trentaine de musiciens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme il fait vraiment chaud, je repars vers Gion. J'ai repéré un restaurant de cuisine kaiseki (cuisine traditionnelle raffinée de Kyôto), dénommé U An. Je passe pour réserver. La serveuse, très aimable, prend ma réservation, et me rassure en me disant que je peux venir en tenue de touriste, que çà ne pose vraiment pas de problème. Dans ces restaurants, même si la cuisine est raffinée et le service impeccable, on peut venir en tenue décontractée, on peut bavarder avec le personnel, donc il y a toujours un minimum de convivialité.

 

Je dirige ensuite mes pas vers le nord de Gion. Au nord de Shijô dôri, se trouvent quelques ruelles, bordées d'établissements en bois. L'un des endroits les plus jolis, à mes yeux, est cet ensemble, de deux rues, qui se rejoingnent sur une petite place où se trouve un petit sanctuaire. Dans l'une de ces deux rues, sur le côté, se trouve un ruisseau, de l'autre côté duquel on peut voir l'arrière de restaurants traditionnels, avec ses chefs en cuisine, et ses clients, parfois accompagnés de geishas, installés sur des tatamis. Le soir, tout est illuminé, et ce lieu est bordé de lanternes et de cerisiers, superbes quand ils sont en fleurs. J'ai inséré quelques images anciennes, de 2007, à l'époque des sakuras.

 

 

 

Le ruisseau bifurque au niveau de la petite place, où il enjambé par deux ponts. Juste avant le pont de l'est, bordé par le ruisseau qui se dirige vers le nord, se trouve un salon de thé, Gion Komori. C'est un bâtiment traditionnel, d'un étage, tout en bois. L'intérieur comprend un long couloir, et plusieurs salles, tout en tatamis, certaines donnant sur la rivière, et sur un très joli jardin intérieur. L'atmosphère est à la fois sobre et raffinée, grâce à un éclairage dosé, et à l'odeur d'encens typique de Gion.

 

 

La spécialité est le maccha parfait, une grosse coupe de glace au thé vert, avec du bavarois au thé vert.

 

Il est ensuite temps d'aller au Yasaka Jinja pour le Mikoshi arai. Il y a déjà du monde. Le temps est splendide.

 

 

Dans un coin, un petit bâtiment est ouvert, contenant trois mikoshis dorés. Ils doivent être sortis, pour être exposés sur la grande estrade centrale, où des décorations les attendent. Des porteurs de mikoshis attendent, d'autres transportent des brancards en bois à l'extérieur. Des prêtres shinto discutent et rigolent transuillement. Juste à l'extérieur, les brancards sont déposés, devant un restaurant traditionnel qui distribue de l'eau. Dans un autre coin, des papis en costume, assis, discutent en s'éventant à l'aide d'éventails.

 

 

Soudain, de l'entrée du sanctuaire donnant sur Shijô parviennent des cris d'hommes ("hoito, hoito !"). J'y cours et tombe sur l'ensemble des porteurs, en tenue spéciale (chaussures à pouce séparé, short blanc, veste blanche), qui processionnent, puis vont se rassembler au centre du sanctuaire. Un homme les entraîne, micro devant bouche, paroles relayées par des hauts-parleurs "wifi".

 

 

C'est le moment de sortir les mikoshis, l'un après l'autre, toujours avec des grands "hoito hoito". Deux mikoshis sont déposés directement sur l'estrade, et décorés d'objets en métal doré. Ils seront exposés jusqu'au Gion Matsuri, avec le troisième qui, en attendant, est emmené à l'extérieur pour être fixé sus ses brancards  l'aide de grosses cordes. L'ensemble pèsera alors 2 tonnes. Les manoeuvres sont dirigées par un homme, qui fait des gestes à l'aide d'un éventail et crie ses ordres dans son micro.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pendant ce temps, la majorité des porteurs se reposent, les prêtres participent à une cérémonie qui a lieu à l'intérieur d'un bâtiment, le sanctuaire proprement dit, interdit au public, et les papis se mettent en kimono.

 

Je sympathise avec l'un des porteurs, extrêmement agréable. Marié, 40 ans, 2 enfants, il est chef dans un restaurant (le sien) de cuisine kaiseki dans Gion. Il s'appelle Horibe Tsutomu et son restaurant s'appelle Gion Horibe. Nous en reparlerons. Je reverrai Tsutomu plusieurs fois au cours de la procession, et nous échangerons à chaque fois sourires ou paroles.

 

A un moment, tous les porteurs s'en vont. Les prêtres sont toujours à la cérémonie. Grand calme. On entend juste le cri strident des grillons et le pas de la foule sur les graviers. Les porteurs sont visiblement allés faire le tour du quartier pour rameuter la foule.
A la nuit tombante, ils reviennent par Shijô, toujouts en criant, précédés de lampions, d'étendards et d'une grande et lourde (30 kilos) torche en bambou. Au même moment, dans un autre secteur du sanctuaire, des mères de famille, en kimono léger, habillent et maquillent des enfants, en tenue de samurai ou en grue.

 

 

Dans le sanctuaire, tout s'active. Un prêtre en grande tenue bénit les papis en kimono, chacun portant un lampion. Toutes les torches en bambou sont allumées. Le sanctuaire, illuminé, est magnifique à la tombée de la nuit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin, la procession commence. Le mikoshi, précédé par les torches, les prêtres, les lampions, part par la rue latérale, et rejoint Shijô dôri. Petite pause au milieu, pour relayer les porteurs. De temps en temps, le mikoshi est secoué pour réveiller le dieu, dans un joyeu bruit de métal. La foule suit, de plus en plus nombreuse, en tapant dans les mains et criant "hoito hoito". Sur l'autre moitié de l'avenue, la circulation n'a pas été coupée. L'organisation est vraiment impeccable.

 

Arrivé sur le pont, le mikoshi est porté en tournant devant la foule pendant un quart d'heure. Tout le monde crie quelque chose comme "maze, maze". Puis le mikoshi est déposé, et un prêtre en grande tenue vient le bénir, en l'arrosant d'eau de la rivière kamo à l'aide de branches de sakaki, arbre sacré de la religion shintô. Enfin, le chef des porteurs vient finir l'eau, en arrosant la foule. C'est la grande rigolade.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mikoshi repart au sanctuaire, où il sera exposé avec les deux autres. Je quitte le cortège à mi-chemin ; il est l'heure d'aller manger.

 

Devant le restaurant Pontocho U An, où j'ai réservé, une serveuse souriante, en kimono, m'attend. Elle me conduit sur le yuka, grande terrasse en bois, aménagée en été en surplomb de la rivière devant tous les restaurants. L'endroit est très joli. La serveuse me propose de me prendre en photo.

 

 

Les plats se succèdent, très raffinés. Hélas, n'ayant pas noté sur le moment leur composition, je suis incapable aujourd'hui de décrire ce que j'ai mangé. En fond sonore, les ushigaeru, littéralement grenouilles-vaches. Il paraît que ce sont de grosses grenouilles dont le cri ressemble à un meuglement de vache. On dirait plutôt une otarie ou une sirère de bateau. Les serveuses, par ailleurs très attentionnées, éclatent de rire quand je leur demande si cet animal se mange. Il paraît que c'est comestible, mais que le goût est identique à celui du poulet, donc autant manger directement du poulet.

 

Voici les photos de quelques plats du menu à 10 000 yens (hors boissons).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après le repas, les serveuses viennent bavarder. La soeur de l'une d'elles fait des études en France. Le chef vient participer à la conversation. Il a passé trois ans en France. Les serveuses, toutes en kimono, et le chef me raccompagnent dans la rue et me font de grands signes jusqu'à ce que je disparaisse.

 

Il n'y a vraiment qu'au Japon que j'ai trouvé ce mélange de raffinement, de qualité de service, de qualité du travail, de politesse, et en même temps de gentillesse, de simplicité et de convivialité.

 

Je retraverse Yasaka Jinja pour admirer les mikoshis avant de rejoindre mon ryôkan. Douche bien méritée avec cette journée inoubliable et bien remplie, puis nuit agitée en compagnie... de nombreux moustiques. La nuit prochaine, je fermerai la fenêtre et allumerai la clim ; pour une fois, ma peau passera avant l'écologie.

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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 19:32
Temps gris. Départ à 8 h 30 pour Hamamatsu, près de Shizuoka, pour rendre visite à M., le deuxième fils de la famille. Il a pris un congès parental, pour garder son nouveau bébé, chose très rare au Japon. Cela me fait plaisir de le retrouver. Il est toujours aussi sympa.

Après avoir déjeuné dans un restaurant, nous déposons madame S. à l'appartement, avec sa petite fille, et nous partons à pied avec M. chercher son fils ainé à la maternelle. Pendant que nous attendons la fin des cours, nous voyons toutes les mères arriver petit à petit, certaines avec des drapeaux. Ce sont celles chargées de ramener les enfants des voisins. Elles ont un drapeau pour être reconnues des enfants, comme les chefs dans les films de samurai. Une mère donne à M. une boîte en verre contenant deux kabuto-mushi, sortes de hannetons absolument gigantesques.


C'est amusant de voir M., seul homme au milieu de toutes ces mères de famille. C'est une toute petite école de quartier. Dans la cour, derrière le bâtiment, les enfants sont alignés. Ils portent tous un short rouge, un t-shirt blanc, une casquette bleue, rouge ou rose selon la classe, un sac à dos jaune, ainsi qu'un grand sac en tissu pour mettre leur boîte repas. Ils disent tous "au revoir" en même temps, en rigolant. Ils sont vraiment mignons.

Je demande à visiter l'école. Elle est très propre, très bien rangée. A l'entrée, il faut se déchausser, comme partout au Japon. Chaque enfant a son casier à chaussures. Dans les toilettes, il y a donc des petits chaussons spéciaux, roses pour les filles, bleus pour les garçons.


Les maîtresses sont admiratrices devant mon japonais et devant le fait que je voyage tout seul au Japon pendant trois semaines.
A côté de l'école se trouve une maison en construction. Les maisons japonaises sont toujours construites en bois, et sont constituées d'une armature, qui est posée sur le sol, pour pouvoir se déplacer en cas de tremblement de terre.



Retour à la maison avec M. et le petit. A chaque rue, il s'amuse à réciter sa leçon : "migi, hidari, migi, yosh !" (à droite, à gauche, à droite, allez !) en levant le bras bien haut. Malgré toutes les règles de politesse et savoir vivre qu'on leur apprend dès leur plus jeune âge, les enfants japonais n'ont vraiment pas l'air stressé. J'ai l'impression que toutes les contraintes, nombreuses, de la vie en société leur sont montrées de façon ludique.

Arrivés à la maison, on s'aperçont que les kabuto-mushi sont en train de se reproduire, au grand dam du petit, qui vocipère en leur demandant de s'arrêter. Il est persuadé qu'ils sont en train de se battre. M. les met dans un seau avec d'autres kabuto-mushi et leur à manger, des petites capsules en plastique contenant de la gelée, vendue dans les commerces comme nourriture spéciale pour kabuto-mushi.

Nous repartons avec madame S. vers 15 heures. Nous nous arrêtons pour nous baigner dans un onsen, qui est fermé, dans un temple qui élève des poules, puis dans un petit sanctuaire entouré de lotus.


Nous nous arrêtons également dans une zone montagneuse entourée de champs de thé. Les personnes travaillant dans les plantations ont tous des chaussures japonaises spéciales, en tissu, avec semelle en cahoutchouc, montant jusqu'au mollet, et au pouce séparé. Les Japonais travaillant dans les champs ou les jardins portent en été, à la ceinture, une boîte ronde, au couvercle percé, dans laquelle se trouve un serpentin d'encens chargé d'éloigner les moustiques.


A proximité se trouve un cascade.


Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans un grand temps renfermant un onsen. Trop tard, il vient de fermer. Nous allons finalement dans un complexe près de Toyota city, dans lequel se trouve un onsen, avec plusieurs bains, de plusieurs styles, plusieurs températures, certains en extérieur. Moment très relaxant. Les hommes sont évidemment tous nus, ce qui n'empêche pas les femmes de ménage, en uniforme de femme de ménage, balai à la main, de passer au milieu. Cela ne choque personne, le rapport à la nudité est vraiment très différent.

Dans le complexe, nous mangeons dans un restaurant de sushis. De retour à la maison, nous bavardons, en buvant un ume-shû avec monsieur S.
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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 19:14
Aujourd'hui, madame S. doit aller pour son travail dans le secteur de l'aéroport de Nagoya. Elle m'a proposé de me déposer à Tokoname, un village de potiers, où je pourrai visiter des ateliers, et notamment celui d'un Français, où l'on peut également faire soi-même de la poterie.

Départ à 8 h 00 en voiture. Il commence à pleuvoir. La route est assez longue, et la pluie semble vouloir s'installer. Arrivés à Tokoname, madame S. me montre un magasin, qui se trouve à l'entrée du village, qui sert en même temps de centre d'information. Elle me confie aux employés, qui lui apprennent que le Français n'est plus là.

Ce village comprend de nombreux ateliers, qui se visitent en suivant un circuit. Je le parcours pendant plus de deux heures, sous une pluie battante. Je m'arrête trois fois, pour visiter la maison d'un ancien négociant (très jolie maison de style traditionnel ; dans le jardin, un trou, au fond duquel se trouve une plaque de métal. Quand la pluie tombe dessus, on entend de la musique), des fours, et le musée de la tuile (un peu en dehors du village ; très intéressant et très beau au demeurant). Mais ce jour-là, les ateliers étaient tous fermés, ou presque.

De retour à l'entrée du village, j'achète des souvenirs dans la boutique, qui vend entre autres de très jolies tasses. La pluie cesse. Je prends le métro pour Nagoya, où je visite le musée Tokugawa.

Situé dans un grand bâtiment moderne, il présente des objets traditionnels : armes, unstensiles pour l'art du thé, malles de voyage, objets religieux, etc. Tous ces objets, d'un grand rafinnement, sont tous plus magnifiques les uns que les autres, et sont très bien présentés. L'influence chinoise y est encore très marquée. Après une petite pause au café du musée, retour à la maison.

Le soir, c'est okonomiyaki party. On fait cuire de grosses omelettes japonaises au centre de la table. Nous les accompagnons du Château Poujeau 1998 que j'ai amené. Il est excellent, et presque aussi fort que le Cantemerle. S., le fils aîné de la famille, est émerveillé de mon habileté à couper une omelette avec un fourchette et un couteau, comme un vrai pro. Comme si je me servais d'un couteau et d'une fourchette tous les jours. Il n'est pas loin de la vérité :-))
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29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 18:57
Le matin, la pluie a cessé. Je me lève et fais le tour du ryôkan à la recherche de toilettes. Elles sont toutes à la japonaise ! LA SEULE de style occidental est au rez-de-chaussée et à l'autre bout par rapport à ma chambre. Et elle est également de type antédiluvien, avec une moumoute sur le siège. On est loin du washlet habituel ! C'est le coup de grâce.

Je prends mon pétit-déjeuner, en yukata, seul dans la salle à manger. Même s'il ne pleut pas, le temps est gris. Je réfléchis au confort de cet hôtel, au temps qu'il fait, et... aux toilettes. Je décide de ne pas rester. Une fois revenu dans ma chambre, je téléphone à un couple d'amis pour leur raconter ma mésaventure et leur demander s'ils peuvent m'héberger. Je m'excuse platement pour cette invitatio de dernière minute. Ils acceptent gentiment de me recevoir. Je vais donc à l'accueil, invente un demi mensonge pour annuler. Ils me prennent une demie journée de frais, ce qui n'est pas énorme (25 €). Je vais prendre un dernier bain, puis quitte le ryôkan. Il commence à pleuvoir.


Arrivé à la gare, madame S. m'attend. Nous déjeunons, puis je vais visiter Nagoya. Il fait chaud et humide. Je me promène d'abord à Nadyah Park, le centre du design, qui comprend entre autres un musée, des salles d'exposition, un amphithéâtre, et un grand magasin Loft sur plusieurs niveaux.

Le hall de Nadyah Park


En arrivant, je tombe sur l'arrivée des mannequins venant au Hair Salon 2008. Les coiffures et les tenues sont délirantes, au delà du conte de fées. Un groupe "déguisé" attend avant d'entrer dans une pièce. J'ai droit à un charmant sourire.


Courses chez Loft, puis dans le quartier, avant de rentrer. Nous allons manger des ramens, puis nous passons la soirée à discuter avec monsieur et madame S. sur la terrasses en buvant de la bière.
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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 20:42
J'ai décidé de passer 4 jours au bord de la mer, dans la péninsule d'Izu, apparemment très appréciée des touristes. Pour avoir des chances de faire des visites intéressantes, je dois séjourner les 4 jours à Itô, qui se trouve au sud d'Atami, sur la côte est. Cette ville, comprenant de nombreux bains, se trouve près d'une côte extraordinaire, avec des falaises.
Toujours sur les conseils de Lonely Planet, j'ai réservé 4 nuits dans le ryôkan Yamaki, ainsi décrit : "un ryôkan traditionnel, dans un ancien bâtiment en bois au coeur d'un jardin. Onsen et chambres immaculées..."
Je me réjouis d'avance de ces quatre jours.

En attendant, je suis à Ôgimachi, à Shirakawa-gô, à la pension Shimizu. Je me lève tôt et démarre à 7h20. La patronne vient me saluer, et s'installe sur la terrasse pour prendre le frais quelques instants. La température est agréable, mais la chaleur ne va pas tarder, car il fait beau. Je prends le nouveau tronçon d'autoroute, le lendemain de son inauguration. Très belle route, avec une succession de tunnels ininterrompue. Le plus long mesure 10 710 mètres, les autres entre 1 et 1,5 kilomètre. Je sens que le péage va coûter cher.

La limitation de vitesse à 50 km/h me paraît excessive. D'ailleurs, personne ne la respecte. Jusqu'au moment où des camions de service créent un mini embouteillage, faisant tomber la moyenne à moins de 40, et me faisant perdre un temps infini.

Au péage, inutile de sortir la carte bleue, car on me demande... 600 yens (3,60 €) ! Je prends ensuite l'échangeur que j'ai vu l'avant-veille. C'est aussi impressionnant dessus qu'en dessous.

Arrivé à la gare de Takayama, je suis largement en avance, car JR a changé ses horaires il y a trois mois. Le train n'est qu'à 9h37, soit plus d'une heure plus tard. Lorsque je rends ma voiture, l'employé de Eki Rent a Car me propose gentiment de garder mes bagages dans son bureau si je souhaite visiter la ville. Comme je connais déjà Takayama, je préfère m'installer et prendre tranquillement un petit déjeuner.

Puis attente dans le hall puis sur le quai de la gare, où se trouvent également deux employés, un très grand costaud et un petit mince, drapeau à la main, casque de chantier sur la tête, et combinaison de chantier, se tenant prêts à assurer la manoeuvre de deux rames qui doivent être accouplées. Pendant près de 15 minutes, le plus petit fait des assouplissements, des étirements, se tenant à une rambarde. Il est incroyablement souple, il doit faire çà tous les jours. En dehors de la tenue et du décor, on se croirait presque à l'Opéra.

Bien que ce soit l'une des dernières voies non électrifiées du Japon, l'intérieur du train est impeccable et très moderne. Changement à Nagoya. Il fait une chaleur étouffante. Shinkansen. Ekiben (boîte repas), thé froid, café chaud, gâteaux Gérard Mulot. Aux environs en Shizuoka, le Mont Fuji est invisible. Changement à Atami, ville d'entrée de la presqu'île d'Izu. Il fait un peu moins chaud. La présence de la mer. Le train est un vieux coucou.

A Itô, devant la gare, plusieurs personnes attendent, avec des pancartes portant le nom d'un hôtel. Sauf le mien, puisque je n'ai pas prévenu de mon heure d'arrivée. Toutefois, je dois demander à l'une de ces personnes l'emplacement de mon ryôkan, car Lonely Plante ne l'indique pas. J'ai soudain un doute : et s'ils n'y étaient tout simplement pas allés ? J'y vais à pied, c'est à 10 minutes de la gare. Le temps se couvre.

Le ryôkan Yamaki se trouve dans une petite rue calme, très proche de la mer. C'est une grande bâtisse en bois, dans le plus pur style japonais, comme on devait en construire au début du (XXème) siècle. Dans la vaste entrée, les pantoufles sont alignées. Au fond, une belle composition florale. Le style de vieille institution surannée ne manque pas de charme. A l'accueil, une femme assez âgée, à la tenue également surannée, m'accueille avec la politesse d'un grand hôtel.

Elle me montre la salle à manger, m'indique l'emplacement de la salle de bain, puis me conduit à ma chambre, à l'étage. Premier escalier raide. Deuxième encore plus raide, avec cette fois le risque de se cogner la tête. L'ensemble n'est pas de la première fraîcheur. Cela a dû être joli, mais la date limite de consommation est largement dépassée (et sûrement bientôt trépassée).

Dans le long couloir desservant les chambres, le parquet est couvert de milliers de tâches d'eau. La chambre est à l'image du reste : propre, certes, mais n'ayant selon tout vraisemblance pas subi le moindre entretien depuis au moins 25 ans. Il y a d'abord une entrée, puis la chambre proprement dite, avec, au fond, une loggia. Dans le coins de cette dernière, un vieux lavabo en plastique, dont le robinet d'eau chaude ne fonctionne pas. Sur la baie vitrée, un carreau, fendu, est réparé avec du vieux scotch jauni. Sur un tatami, la trace d'une brulure de cigarette. Qui plus est, la chambre est sombre. D'où l'absence de photos pour étayer ce que je suis en train de décrire. Enfin, les toilettes sont sur le palier.

Je vais devoir passer quatre nuits dans ce lieu. S'il fait beau, je partirai tôt le matin et rentrerai tard le soir. Oui, mais le repas est à 18 h 00 ! Je le repousse à 19 h 00, dernière limite. Le personnel est toutefois agréable. Le service est attentionné, mais paraît décalé par rapport à l'entretien du bâtiment et à la tenue négligée des employés.

Je vais laver mon linge dans une laverie automatique. Le temps s'est mis au gris. La ville peu esthétique, est déserte. Tous les commerces sont fermés, d'autant que c'est dimanche. Je commence à vraiment déprimer. Pendant que mon linge se lave, je vais me promener. La ville est vraiment déserte. Il y a un petit fond d'air frais, du fait de la proximité de la mer, ce qui rend la chaleur beaucoup plus supportable. La ville a l'air à l'abandon.

Même sur le front de mer, tous les commerces sont fermés, et ont l'air de toute façon peu attrayant. Pas de problème pour traverser la grande avenue, les voitures sont aussi rares que les piétons.

La plage est en sable noir. Cela ne me pose pas de problème a priori, mais cela ne contribue tout de même pas à donner la touche de gaieté tant espérée. De nombreuses cabanes, vides, y sont installées. Et surtout, chose étonnante dans ce pays, le sable est jonché de détritus ! Comme si toutes les poubelles du Japon avaient été déversées à cet endroit. Le moral dans les chaussettes, je vais chercher mon linge à la laverie.

Je mets mon ligne dans le séchoir puis vais à la gare chercher les horaires des trains et des bus pour organiser mes excursions des prochains jours. Sous mes yeux, un chat manque de très peu de se faire renverser. Il faut dire qu'il y a tellement peu de voitures dans cette ville qu'il avait dû oublier ce que c'était.

Après avoir récupérer mon linge sec à la laverie, retour au ryôkan. Décidément, cette chambre est vraiment sinistre ! Je plie mon linge, range mes affaires, et tourne en rond en me demandant bien ce que je vais pouvoir faire jusqu'à 19h00.

Finalement, je mets mon yukata et vais prendre un bain. Dans le o-furo (le bain), quelques hommes sont en train de se rhabiller. Ils font partie d'un groupe d'une dizaine d'hommes et deux femmes, tous dans la cinquantaine, qui passera la soirée à discuter en mangeant dans un salon, puis repartira le lendemain après le petit déjeuner. Ils sont souriants et me saluent gentiment. Je me demande bien qui ils sont, et surtout ce qu'ils sont venus faire ici.

La salle de déshabillage du o-furo sent la vieille transpiration. Par contre, le bain lui-même est propre et se révèle très agréable. Après le bain, n'ayant vraiment rien à faire, je décide d'aller dîner plus tôt que prévu. Il est 18h30. Une longue soirée m'attend. Je suis tout seul dans la salle à manger. Le service est encore attentionné, mais toujours aussi décalé. Par contre, le rapas est très bon. Enfin un bon point. Le moral remonte légèrement. Je passe une partie de la soirée à rédiger mes notes, ce qui explique la longueur du texte sur ce lieu sans intérêt.

Je finis par remonter dans la chambre. Il n'est pas beaucoup plus de 9 h 00. Je regarde un peu la télé. Le seul programme vaguement intéressant est un match de foot. Mais c'est également le plus inregardable, à cause des innombrables traits blancs zébrant l'écran. Je décide donc de me coucher, en maudissant Lonely Planet, qui, j'en suis convaincu, n'a pas pu venir ici. Je leur ai d'ailleurs envoyé un message pour leur signaler, mais n'ai jamais reçu de réponse.

Dans la série du gars chanceux qui va passer quatre jours dans un très bel hôtel au bord de la mer, je suis réveillé plusieurs fois au cours de la nuit par la pluie, qui tombe très fort. La gouttière qui passe au dessus de la fenêtre de ma chambre est percée en deux endroits. Les gouttes tombent bruyamment sur le toit en zinc situé juste en dessous, au point que j'ai même rêvé, dans l'une de mes rares phases de sommeil, que j'étais dans une soirée techno. Vivement demain !
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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 21:38
Levé vers 7h00. Petit déjeuner japonais, devant les informations locales. Au dessus de la porte de la salle à manger, des photos, entre autres celles d'un mariage traditionnel, en 1990. C'est celui de la patronne. Je n'arriverai donc jamais à donner un âge aux Japonaises !

Départ : la journée promet d'être chaude. Je prends la 156 vers le nord. La route est jolie et passe devant plusieurs villages de gassho zukuri. Je vais visiter Ainokura, le plus intéressant d'entre eux. Obligation de garer sa voiture sur la parking de l'entrée. Il n'y a donc pas de voiture dans ce village, qui est petit et se traverse très facilement à pied.


La chaleur est étouffante. Le village est joli. Je visite les deux maisons du musée de la vie rurale. Y sont exposés des objets de la vie d'autrefois, dans ces villages paysans de montagne. Dans les instruments de musique, s'en trouve un, apparemment le plus typique, et dont toutes les boutiques de souvenirs vendent des répliques. Cela ressemble à une sorte d'accordéon, tout plat, en bois. C'est un instrument de percussion, il suffit de le plier ou le déplier d'un coup sec pour marquer le rythme. La vieille dame de la caisse m'en fait une démonstration, en chantant. On peut également voir l'intérieur des maisons, et leur technique de construction : uniquement des poutres et des cordes.


Je vide ma bouteille de thé glacé en un temps record. J'en ai besoin, car je vais prendre le chemin qui mène à l'observatoire au dessus du village. La montée réchauffe. Dans la forêt, il fait un peu plus frais, mais tout est relatif. Je redescends, et mange une glace. Difficile de trouver un endroit frais. Juste une poubelle pour mettre mon pot de glace. Dans ces villages traditionnels, protégés, il est interdit de fumer, et il est fortement recommandé aux visiteurs de repartir avec leurs déchets.


Je remonte dans la voiture, direction Kuroba onsen. Je prends une douche, me baigne, dans le bain intérieur puis extérieur. Même le bain à 40 degrés est agréable en comparaison de la chaleur de l'air. Et au moins, dans le rotemburo, on est à l'ombre. En plus, on a une très belle vue sur la montagne.

A l'entrée du onsen, il y a une grande pièce en tatamis, avec des tables, des coussins et des fauteuils de massage, où l'on peut se reposer après le bain. Une télé passe un concours de karaoke stupide. En comparaison de la télé française, la télé japonaise est beaucoup plus stupide, mais aussi beaucoup plus trash et politiquement incorrect. Au moins, parfois, on peut s'amuser. Dans cette pièce, des gens mangent, boivent, ou dorment, à même les tatamis. Je me repose en buvant du lait de la région.

Une fois revenu à la chaleur, je vais voir un barrage, au bout d'une route qui part de la 156. Je suis tout seul dans ce très beau paysage.


L'excursion ne dure pas toute une journée si l'on est en voiture. Je rejoins donc le village de Ôgimachi dans l'après-midi et vais poser mes affaires dans l'auberge du jour, l'auberge Shimizu. La patronne a l'air moins chaleureuse que la veille, mais la maison est plus coquette. Au centre, une grande pièce, tout en parquet verni, avec un irori au milieu, entouré de tables. Trois chambres donnent sur cette pièce.

Par contre, la salle d'eau est plus petite, et surtout, il n'y a pas de bain. Petit tour dans le village. Je ne regrette vraiment pas d'y être passé, mais une nuit aurait suffi.

De retour à l'auberge, je m'installe à une table. La patronne vient discuter. Elle est finalement très agréable. Trois clients, trois hommes d'une trentaine d'années, arrivent de Yokohama. Ils posent leurs affaires puis repartent prendre un bain au onsen du village. Pour moi, c'est l'heure du repas, dans le même style que celui de la veille.

Les trois clients reviennent du bain et mangent également. Ce sont trois copains d'université, qui sont venus passer le week-end entre hommes, laissant leurs femmes à la maison ou avec leurs copines. Apparemment, ce genre de chose est habituelle au Japon. Pour venir de Yokohama, ils ont mis 7-8 heures en voiture !

Arrive ensuite un couple de Kyôto. Elle parle beaucoup et très vite. Etonamment, je n'ai pas de problème particulier pour la comprendre.

Après le repas, je consulte les horaires de train sur mon indicateur papier. Le plus pratique est de prendre le 8 h 48 à Takayama. Je décide de partir à 7 h 30, et donc de sauter le petit déjeuner. Je paie le soir-même, avec une ristourne. Coucher tôt. Demain, je vais dans la péninsule d'Izu, pour passer quatre jours au bord de la mer. J'ai réservé dans un ryokan dont le Lonely Planet dit du bien, dans la ville d'Itô. Je m'en réjouis d'avance !
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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 20:58

Départ vers 9 heures. J'ai prévu trois visites avant d'arriver à Shirakawa-gô, où je dois être avant 17 heures. Tout va dépendre de la route.


Je prends la 158. Je dois la suivre jusqu'à sa fin, pour ensuite prendre la 156 vers le nord. Je suis finalement presque tout seul sur la 158, qui de plus se révèle magnifique. Les paysages sont plus beaux que sur la 19, et il n'y a pas tous ces locaux d'activité, stations service ou aires de repos, et le temps s'est remis au beau. Et comme on est à la montagne, il ne fait pas trop chaud (22° le matin).


La route serpente entre les montagnes, avec les torrents qui coulent en contrebas. Beaucoup de tunnels. Mon GPS, dont j'ai coupé le son mais dont j'ai laissé l'image pour savoir où je me trouve, fonctionne dans tous les tunnels, même les plus vieux et les plus étroits des tunnels de montagne.


Au détour d'un virage, je vois un singe commençant à enjamber une glissière de sécurité, prêt à traverser sous mes roues. Heureusement, en me voyant, il fait demi-tour et disparaît dans la végétation.


Premier arrêt à Norikura, montagne avec un domaine skiable et plusieurs onsen. Bien sûr, je ne vais pas monter au sommet, mais juste faire un tour et visiter une cascade. Il faudrait plusieurs jours pour visiter toute la région. A la sortie du parking, je demande mon chemin à deux couples de personnes âgées. Avant d'aller voir la cascade, ils me conseillent de passer par l'étang qui est tout près, dans la forêt. Les mamies commencent à discuter, et me décrivent l'étang, qui est paraît-il joli : on peut y entendre des grenouilles, et y voir des plantes qui poussent dans l'eau, ainsi que des libellules, d'un bleu vert aussi beau que mes yeux. Leurs maris s'impatientent, peut-être n'apprécient-ils pas les compliments qu'elles me font.


Petite promenade au frais dans la forêt.L'étang est entouré d'arbres, les montagnes forment un très bel arrière-plan. En effet, des plantes poussent dans l'eau, on voit des libellules, et même des canards. Et le silence est transpercé par le coassement des grenouilles.


Je continue ensuite le chemin juusqu'à la cascade. Elle n'est pas immense, mais elle est impressionnante, avec, autour, un très beau paysage de montagnes et de forêts. Je retourne à la voiture par la route, en admirant le mont Norikura.













































Je reprends la route, toujours aussi superbe. Je suis presque tout seul. Deuxième étape : Shirahone onsen. Ce onsen, complètement perdu et accessible uniquement en voiture, se compose uniquement de quelques établissements en bois construits le long d'une route en impasse, entourée de montagnes.

















Je choisis l'un d'entre eux, le Awa no Yu. Je laisse ma voiture sur le parking isolé, avec tous les bagages à l'intérieur. Aucun risque, on est au Japon. Le bâtiment est moderne et peu attrayant. Par contre, dans le bain, tout est en bois. Il y a deux bassins : le premier à 39 degrés, et le second, souffré, à 42. La différence me paraît beaucoup plus importante. Il y a aussi un rotemburo (bain en plein air) mixte. Il est très grand, l'eau est turquoise. Il est entouré de rochers. Au dessus, les arbres et les montagnes : c'est vraiment très beau. Deux grandes gouttières en bois laissent tomber de l'eau de plusieurs mètres de haut. On peut se mettre dessous pour se faire masser le crâne et les épaules.


Je suis tout seul et reste un moment dans cet endroit superbe, très relaxant et très reposant, pour les yeux, le corps et l'esprit.


Une fois bien détendu, je reprends la route, direction Kamikôchi. Malheuresement, l'accès à ce lieu est fermé. Je continue donc sur la 158.












































Je traverse la ravissante ville de Takayama, que j'avais visitée en mai 2005. Dans la rue, un homme marche, en cognant deux bâtons en bois et en criant des annonces. Pour quel événement ?


Après Takayama, à la fin de la 158, au croisement de plusieurs vallées, il y a un embranchement d'autoroute. Plusieurs viaducs se croisent et se superposent, à plusieurs dizaines de mètres au dessus du sol. Vraiment impressionnant : très beau béton, architecture très fine. Et dire que c'est prévu pour résister aux tremblements de terre !


Encore quelques kilomètres et je prends la 156 vers le nord. Elle est presque déserte. Il fait de plus en plus chaud. J'arrive finalement à destination plus tôt que prévu. J'ai réservé deux nuits, dans deux auberges différentes. Aujourd'hui, c'est l'auberge Kidoya. Quand j'y passe, il n'y a qu'un enfant. Il téléphone à sa mère, qui lui dit que je dois repasser à 5 heures. Le gamin me demande alors si je sais quand il est 5 heures. Devant mon air intrigué, il me montre sur une pendule qu'il est 5 heures quand la petite aiguille est sur le 5.


En attendant que la petite aiguille soit sur le 5, je vais me promener dans le village. Malgré la foule de touristes, il est très joli. Il est entouré de montagnes et de rizières, et longé par une rivière de montagne, dont le lit est très large, et qui doit être tumultueuse à la fonte des neiges. Côté ouest, un pont relie l'aire d'autoroute, où sont stationnés de nombreux cars, qui déversent les touristes dans la journée, avant de les récupérer le soir.


Le village n'est construit que de maisons en bois, dites gassho-zukuri, ou constructions en maintes jointes. Cela vient du fait que les toits, en chaume, sont très pentus, et descendent souvent presque jusqu'au sol. La forme du toit rappelle la forme des mains jointes pour la prière. Ce village est classé patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO.




































































A côté de l'auberge Kidoya, se trouve un joli sanctuaire, dominé par les arbres et la montagne. Egalement un temple, le Myôzenji, et une gassho zukuri que l'on peut visiter. A l'intérieur, on peut voir le type de construction, ainsi que les objets quotidiens d'autrefois. Forte odeur de fumée.



Près du pont, marquant l'entrée du village, un petit sanctuaire. Et juste à côté, dans une impasse un peu à l'écart,  une maison, typique comme les autres, avec son toit de chaume. Sur la terrasse en bois, insensible au flot des touristes, ombragée par un store en bambou qui dessine des traits lumineux, une collégienne fait ses devoirs calmement. Moment de grâce. Je traverse le village, avec ses boutiques. Quelques objets de Ghibli et un tanuki sur une devanture.







































A 5 heure, je me présente à l'auberge. Je suis accueilli par la patronne, une jeune femme à la tête ronde et aux bras potelés, gouailleuse et dynamique. Elle m'installe dans l'une des chambres. Très simple, elle n'est séparée des autres que par des portes coulissantes. Pas de clé. Par contre, les toilettes sont très confortables et très bien équipées.


Quant au bain, il est très agréable : la baignoire est en cèdre, recouverte de deux couvercles également en cèdre, afin de maintenir la température de l'eau. Quand on soulève les couvercles, se dégage une forte odeur de cèdre. Excellent moment de détente, malgré la chaleur.


Après le bain, revêtu d'un yukata (kimono en coton léger, fourni en général dans toutes les auberges) et chaussé de geta (soques en bois), je prends l'air devant l'auberge, au soleil du soir, qui enjolive les maisons et renforce le vert des rizières et des montagnes.


Dîner à 18 h 00. Je suis le seul client ce soir-là. On m'installe dans la salle à manger, par terre, à côté d'un irori et devant les informations locales qui passent sur un écran plat Sony dernier cri. Evénement de taille : on doit inaugurer, le lendemain, le dernier tronçon de l'autoroute reliant Tôyama à Takayama. Un échangeur est prévu près du village, pour le désengorger.



Très bon repas local, composé de divers légumes marinés ou saumurés, de tofu, de nouilles, de soupe miso, d'un poisson grillé, et de viande, à cuire sur un réchaud dans une marmite. Comme boisson, du sake non filtré.


Après le dîner, toujours en yukata et en geta, je vais prendre l'air. C'est l'heure où tout s'apaise pour quelques instants : le ciel rosit, le vent tombe, les bruits de la nuit n'ont pas encore remplacé ceux de la journée. L'air se fait beaucoup plus léger. Les hirondelles virevoltent au dessus de ma tête. J'ai l'impression d'être seul dans le village; Je ne dois pas être loin de la réalité.


Je me promène dans le village. Je vais jusqu'au pont. Les montagnes sont nimbées d'une légère brume. On entend que le grondement de la rivière. Instant de sérénité, magique, que l'on aimerait partager avec les être les plus chers. Je rentre tranquillement me coucher.

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 19:51
Aujourd'hui, visite de la vallée de Kiso. Cette route, appelée Nakasendô, était une des principales du Japon, au même titre que Tokaidô. Elle relie Matsumoto à Nagoya, et est parsemée de quelques jolis villages, qui servaient d'étapes pour les voyageurs des siècles passés, ainsi que de relais de poste.

A 12 heures, j'ai rendez-vous devant la gare de Nakatsugawa, au sud de la vallée, avec mes amis Kanô. Ce couple, de 45 ans environ, habite un village de la région de Nagoya, perdu dans les montagnes et les rizières. Ils fabriquent du washi, le papier traditionnel japonais, constitué de fibres végétales. Ils créent également, à partir de ce washi, des objets, qu'ils exposent, parfois en Europe.

Je les avais rencontrés en 2005, dans leur maison, et j'avais été séduit par leur extrême gentillesse, leur calme, leur amour de la nature, leur pacifisme, leur simplicité et leur générosité. S'ils exposent en Europe, je ne manquerai pas de l'annoncer sur ce blog.

En attendant, je prends la Route Nationale 19, vers le sud cette fois. La route est sinueuse, le traffic est dense, avec beaucoup de camions et beaucoup de travaux. Et beaucoup de feux rouges à la sortie de Matsumoto. Je mets plus de 2 heures 30 pour parcourir les 120 kilomètres qui me séparent de Nakatsugawa ! Je fais donc l'impasse sur les villages de Magome et Tsumago, que j'avais prévu de visiter en cours de route.  A la sortie de Tsumago, sur la 19, un singe est allongé, il vient de se faire écraser. Je me perds dans Nakatsugawa et mets plus d'une demie heure à trouver la gare. Je manque même de rentrer dans une voiture à l'arrêt. Freinage d'urgence, dérapage sur la chaussée humide. Eh oui, en plus, il pleut à moitié.

Les Kanô m'attendent devant la gare. Ils m'emmènent dans la ville, déjeuner dans un restaurant traditionnel, tenu par une grosse femme, drôle et gouailleuse. Le menu, imposé, est très bon. Les Kanô m'offrent des cadeaux : très belles cartes en washi, et pains confectionnés par Akiko, une de leurs amies qui a appris la boulangerie à Paris.
Ils m'emmènent ensuite dans une boutique traditionnelle, du style de celles que l'on peut trouver à Kyôto, et qui fabrique des spécialités aux marrons. Nous parlons beaucoup de cultures française et japonaise, et de religion.

Nous décidons d'aller à Tsumago, que je comptais visiter en venant. Je les suis en voiture. Petite parenthèse : aux passages à niveaux, les Japonais attendent que la voiture précédente soit complètement passée avant de s'engager. Appliquée en France, cette règle permettrait d'éviter les nombreux accidents que l'on voit depuis un certain temps. Fin de la parenthèse.

Tsumago est l'un des relais dont je parlais plus haut. Il servait surtout d'étape aux seigneurs qui allaient à Tôkyô, lorsqu'ils étaient rappelés par le shôgun.

Nous nous promenons dans le village, qui est très calme et très joli. Il est constitué de nombreuses maisons anciennes, en bois, et entouré de montagnes. Beaucoup d'hirondelles. Les maisons sont jolies. Certaines ont été reconstituées dans leur état ancien : maison de marchand, maison de paysan, auberge bas de gamme, afin de voir la façon dont vivaient les habitants de l'époque.


Les intérieurs sont plus que simples : un couloir en terre battue, faisant office de cuisine, le reste étant constitué d'une estrade en bois. On retrouvera ce même schéma de base à Shirakawa-gô. Dans tout le Japon, à toutes les époques ou presque, quelque soit la profession ou la classe sociale, on n'est jamais directement sur la terre battue. Et on se déchausse systématiquement avant de monter sur le parquet ou sur les tatamis.

Nous visitons ensuite la maison d'un seigneur. Beaucoup de pièces, et même des toilettes : un urinoir, en bois, avec un couvercle, et pour le reste, l'ancêtre des toilettes à la japonaise (une variante des toilettes à la turque), mais aménagés sur les tatamis. Il valait mieux être adroit...


Ensuite, visite d'un temple. Personne à l'intérieur. On entre comme dans un moulin. Il y a plusieurs paniers contenant des chats en peluche qui dorment. On peut laisser une offrande dans un des paniers. Des objets et des prospectus sont en vente. Il suffit de laisser une pièce et de se servir. Confiance absolue. Plusieurs pièces, décorées de dorures. Au fond, une grande pièce avec les urnes des moines décédés.

Nous allons ensuite prendre le thé dans une jolie boutique, très propre, de style traditionnel, avec un beau parquet verni. Pendant que nous buvons notre thé, la patronne vient discuter longuement. Nous parlons de nouveau de religion, et de "homestay", que la patronne pratique, tout comme les Kanô. Ils me soumettent d'ailleurs l'idée que je pourrais venir à Ôbara, leur village, plusieurs jours pour enseigner (un peu) le français à l'école du village. Ce projet me plaît bien.

Avant de partir, petit passage par les toilettes, équipées d'un washlett dernier cri. Gros contraste avec le reste de la boutique.

Je quitte les Kanô sur le parking. Ce sont vraiment des personnes charmantes. Je reprends la 19 vers le nord. Route toujours aussi difficile. Je prends de l'essence en route. Pour savoir ce que dois mettre dans le réservoir, le vieux pompiste sent le bouchon. Tout simplement. La nuit tombe à mon arrivée à Matsumoto.

Je pose ma Mazda à l'hôtel puis vais manger. Il commence à pleuvoir. Je vais tout de même voir le château, de nuit. Il est vraiment beau. Comme il pleut vraiment fort, je me réfugie dans un restaurant de soba situé juste à la sortie du parc. Accueil peu sympathique, digne d'un site touristique français.

De retour à l'hôtel, je mange les pâtisseries d'Akiko : un croissant, un pain aux champignons (en forme de pain aux raisins) et un sandwich au jambon.

La nuit, un peu de vent. Matsumoto a l'air beaucoup très venteuse. J'ai même été réveillé, la nuit précédent, par un mini tempête.
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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 18:01
Au matin, je prends ma voiture pour aller vers le nord. Sur la route, quelques kilomètres au nord de Matsumoto, je visite Dai Ô Wasabi Nôjô, une grande plantation de wasabi. L'endroit se trouve le long d'une rivière buccolique, sur laquelle on peut faire des excursions en bateau. Cela rappelle un peu le Marais Poirtevin.

La plantation est un espace de promenade très agréable. On peut garer sa voiture sur un grand parking. A l'entrée, se trouvent les boutiques, puis il y a plusieurs champs inondés d'eau, au dessus desquels sont tendus de grands filets noirs. On trouve également de petits chemins ombragés, avec de petits sanctuaires. Un peu de fraîcheur ne fait vraiment pas de mal. Je mange une glace au wasabi. C'est assez bon, avec une amusante sensation de picotement sur la langue. A la sortie, j'achète un jus de wasabi. Je le bois au bord de la rivière, en discutant avec les bateliers. Ils m'avouent qu'ils trouvent cette boisson dégueulasse. Je confirme.

































Je reprends la voiture, toujours vers le nord. Je dois prendre la route 19, puis, après Nagano, la 403. Mais je prends finalement la 403 juste après Matsumoto. C'est une très jolie petite route de montagne. La conduite est difficile, on dépasse rarement les 40 km/h. A chaque virage abordé un peu trop rapidement, la voiture prévient vocalement qu'il y a un virage.

Dans l'après-midi, je trouve Jigokudani, où l'on peut paraît-il voir des singes. Il faut laisser la voiture sur un parking, puis marcher 20 minutes dans une superbe forêt surplombant un torrent. Très belle promenade. Je manque de marcher sur un serpent, qui se sauve dans le ruisseau longeant le chemin. Il a l'air d'avoir eu plus peur que moi.

On finit par tomber sur un hameau, composé d'une auberge et quelques maisons en bois, au dessus du torrent. Le paysage devient sauvaga. De la vapeur sort de la terre. En haut d'un chemin, une maison marquant l'entrée du parc proprement dit.


Le parc lui-même est constitué d'une vallée, sans verdure, avec le torrent qui coule au fond. C'est l'heure du repas, le personnel donne à manger aux singes, qui courent dans tous les sens pour se nourrir ; certains se chamaillent. Je m'attendais à voir un grand bassin, avec une vingtaine de singes barbottant dedans. En réalité, c'est une vallée, avec une grève, des chemins en terre, des rochers, le torrent... bref, l'endroit est très grand. Le bassin en lui-même, tout petit (25-30 m²), se trouve dans un coin. Et dans cette vallée, les singes sont très nombreux, se promenant dans tous les sens. On les croise, de près. Il est interdit de les toucher, mais on est vraiment parmi eux. Certains se baignent dans le bassin, d'autres dans le torrent. Ils vaquent à leurs occupations, ignorant les humains, dont ils n'ont pas du tout peur. Bien entendu, les petits sont craquants.

















































Retour à Matsumoto par l'autoroute. J'ai toujours du mal à comprendre les limitations de vitesse au Japon. Dans le premier pays producteur de voitures du monde, les vitesses ont l'air d'être limitées à :

40 km/h en ville ;
50 km/h sur les routes hors agglomérations, que ce soit dans les virages dangereux ou dans les lignes droites ;
80 km/h sur les autoroutes. Apparemment, sur certains tronçons, on a droit à un petit frisson à 100 à l'heure ! Quel contraste avec l'Allemagne, deuxième pays producteur de voitures au monde.

Les Japonais roulent donc tranquillement, voire même franchement lentement, mais dépassent en général les limites dès que le traffic la rectitude de la route le permettent. Sur l'autoroute, je fais donc comme tout le monde, je roule à 110, alors que les panneaux indiquent 80.

Les autoroutes sont en parfait état, très bien aménagées, et comprennent un nombre incroyable d'ouvrages d'art. Il y a donc de nombreux péages, certains très chers. A la sortie d'un tunnel, il faut payer 100 yens. Pour payer, je me colle sur la gauche, comme en France, je suis donc trop loin de la caisse, qui se trouve évidemment à droite. Pendant que j'essaie de comprendre le système et que je cherche une pièce, la machine, qui parle aussi - et cette fois-ci çà ne peut pas être pour les aveugles - me répète patiemment que je lui dois 100 yens. J'ai envie de taper dessus pour la faire taire, mais on n'est au Japon, il faut rester poli. Finalement, plutôt que de manoeuvrer pour me rapprocher de la machine, je prends le risque de jeter, de loin, ma pièce dans le panier. Réussite du premier coup ! La machine me gratifie d'un aimable "arigatô gozaimashita". Ici, même les machines sont polies.

Arrivé suffisamment tôt à Matsumoto, j'ai le temps d'aller visiter un domaine viticole. J'ai surtout le temps de visiter la boutique, le chai n'étant visible qu'à travers une vitre. Les fûts de chêne sont français. C'est une vraie "winery", c'est à dire une usine à vin, avec une grande boutique qui vend des produits dérivés et tout de même quelques bouteilles. On dirait une "winery" californienne, avec toutefois un service à la japonaise.

Je goutte quelques vins, franchement pas terribles. Toujours ce goût manquant de netteté. J'achète tout de même une bouteille, par curiosité. Cà va être amusant au milieu d'une dégustation à l'aveugle. Retour à l'hôtel, en passant par les vignes. Celles-ci sont hautes, attachées par le dessus à un grillage.


Y. passe me prendre à l'hôtel, et m'emmène dans une izakaya dans une rue parallèle. C'est un vieil établissement, bien décoré, avec de nombreuses pièces. Le genre d'endroit que l'on aimerait trouver dans les guides. Une valeur beaucoup plus sûre que les adresses foireuses ou introuvables du Routard U.S.

A peine installé à table, Y. me dit pour plaisanter qu'il est presque alcoolique. Ce n'est donc pas ce soir que je vais tenir ma promesse... d'ivrogne. Nous mangeons des intestins de poulpe (dur dur), des larves d'abeille (sucré et croquant), du sashimi de cheval (délicieux), des tempuras, et beaucoup d'autres choses. Nous buvons chacun 2 bouteilles de bière plus une demie bouteille de saké. Y. m'invite. Il me propose ensuite d'aller boire un verre. J'accepte à condition que ce soit moi qui l'invite.

Voici quelques restes du repas



Nous allons dans un bar, où nous buvons chacun 2 umeshû (vin de prune, sucré, ma boisson japonaise préférée). Contrairement à ce qui était prévu, c'est lui qui invite. Et en plus, il demande à son taxi de faire un détour pour me déposer à l'hôtel.

Soirée très agréable, au cours de laquelle nous avons notamment parlé d'Emmanuel Bove, écrivain français totalement inconnu de moi, et dont Y. est féru. Cela me rappelle la thèse que M. J., l'un de mes amis allemands, a faite (en français SVP) sur Saint-Evremond, autre auteur français.
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22 novembre 2008 6 22 /11 /novembre /2008 17:49
Beau temps, superbe même. Levé 7h00. Dans le Tsubasa Shinkansen, je prends un petit déjeuner japonais. Boeuf et riz, spécialité de Yamagata. La serveuse de JR me fait de grands sourires à chaque passage.



Je lis la Revue des Vins de France, mais le sujet, "promenades dans le vignoble français", est trop décalé par rapport à mon voyage. Finalement, je regarde le paysage, qui est superbe.



Le Tsubasa se traîne. Arrivé dans la plaine hyper urbanisée, il accélère. Changement à Ômiya, au nord de Tôkyô. 10 minutes de prévues, j'en mets 2, même en observant un Shinkansen à l'arrêt, avec un design assez étonnant.  Les designs des Shinkansen sont parfois particuliers, voire discutables, mais au moins, ils osent ! Les changements sont rapides, précis, les trains ont une précision horaire incroyable. Shinkansen jusqu'à Nagano. Paysage de plaines rizicoles entourées de montagnes.



Changement à Nagano. A partir de là, il faut prendre un Express qui se tortille et se traîne dans des vallées entre des moyennes montagnes. A Matsumoto, il fait chaud et beau. J'ai prévu de louer une voiture ici, puis de la rendre à Takayama. D'après le guide Lonely Planet, le moins cher est Nippon Rent a Car, que je dois trouver devant la gare. Lonely Planet étant toujours aussi précis, je trouve le magasin DERRIERE la gare, que je dois retraverser avec mes bagages. Malheureusement, cette société n'a pas de bureau à Takayama, donc je dois aller chez Eki Rent a Car, DEVANT la gare. Il fait vraiment chaud.

Chez Eki Rent a Car, enfin, je réserve une voiture. Tout se passe bien. Je dois montrer mon passeport, mon permis français, la traduction de l'ambassade, et laisser une empreinte de ma carte visa, avant d'hériter d'une Mazda Demio grise. Attention, le volant est à droite ! Je rentre les coordonnées téléphoniques de mon hôtel dans le GPS, puis je me perds, aidé par le même GPS. Après avoir longtemps tourné en rond, je coupe le système, regarde un vulgaire plan, et trouve mon hôtel tout de suite.

Il s'agit de l'hôtel Kagetsu, qui se trouve près du château. On le repère de loin, grâce à sa tour blanche. C'est une sorte de business hotel, pour ce qui est de l'accueil, mais avec une décoration intérieure, du moins au niveau de la réception, qui rappelle vaguement l'Allemagne ou l'Europe centrale. Et toujours, en bruit de fond, la musique d'ascenseur que l'on trouve dans tous les hôtels japonais. Là, c'est un mieux, c'est Mozart ou Chopin.
Au rez-de-chaussée, il y a un grand bain, avec des horaires très larges. Quant à la chambre, de style japonais, elle est grande, belle et confortable, avec une salle de bains intégrée.



Mais je n'y reste pas, préférant profiter du beau temps pour aller visiter le château. Construit au milieu d'un beau parc, il est superbe, tout en bois noir, entouré de douves, et relié à la terre par un pont rouge. Dans le douves se trouvent de nombreuses carpes et quelques cygnes. Bien que plus petit que celui de Himeji, le château de Matsumoto n'en est pas moins majestueux, et vaut vraiment la visite.




























































































Je visite l'intérieur du château, puis le parc. Des fenêtres du château, superbes vues sur la ville et les montagnes environnantes.



















Je vais ensuite me promener dans le quartier de Nakamachi, que je reconnais tout de suite : avec ses galleries, son sanctuaire et son style bobo, c'est là que j'ai tourné en rond tout à l'heure avec ma Mazda.







































Le soir, au moment d'aller dîner, je repère une adresse dans Lonely Planet : Kura. Elle est difficile à trouver : toujours les imprécisions de ce guide ! Sur le chemin, une boutique branchée solde de très beaux t-shirts. Le vendeur repère tout de suite que je suis français. Après avoir payé, il refuse de me remettre ma marchandise. Il me raccompagne d'abord à la porte, et là, me donne mon paquet, cérémonieusement, en me disant, en français, "merci beaucoup".

Je finis par trouver Kura, mais à la place se trouve un ensemble de restaurants assez chers, ne correspondant pas à la description que j'ai lue dans le guide. J'avais pourtant la toute dernière édition, mais visiblement, en dehors des sentiers battus, les mises à jour sont aussi mauvaises que les localisations !

Finalement, dans Nakamachi, je trouve un restaurant de o-den (légumes et oeufs à la vapeur, mais rien à voir avec les menus vapeur des restaurants chinois). A l'intérieur, deux clients au comptoir, et la patronne en kimono, à l'air peu avenant.

Je commande un moriawase et une bière. Les deux clients, un Japonais de Nagoya et un demi-Coréen d'Ôsaka, entament la conversation, à laquelle se mèle Mama (la patronne), finalement tout à fait sympathique. Nous parlons surtout de sumo. Je reprends une deuxième bière. Mama a toute une série de chemises en plastique, avec des prospectus sur la région. Elle m'en donne tout un paquet.

Nous quittons le restaurant avec les deux clients. Le Japonais, fatigué, rentre à son hôtel. Le Coréen me propose d'aller boire un coup. Il m'invite dans un bar qui ressemble à un bar à hôtesses, pour boire du saké. Nous nous installons sur un canapé. Sur les autres canapés se trouvent trois clients, qui discutent avec une fille un peu forte et une autre vraiment superbe.

La patronne vient nous parler. A moitié russe, 47 ans, le visage émacié et surmaquillé, habillée d'une longue robe et chaussée de hauts talons. Elle parle avec une voix d'homme, et s'émerveille de tout ce que je dis en me faisant des yeux de merlan frit. Au bout d'un moment, mon compagnon chante une chanson au karaoke, poliment applaudi par les autres personnes, puis paie. Nous nous en allons. Finalement, malgré l'aspect malsain de l'endroit, tout s'est passé le plus normalement du monde.

Je rentre à l'hôtel à minuit. Je prendrai un bain demain. Je me promets que demain, je ne boirai que du thé. De toute façon, j'ai rendez-vous avec Y., le mari de J. Il est professeur de littrérature comparée à l'université de Matsumoto, donc je l'imagine pas boire d'alcool.
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