Les petites filles jouent à la poupée, les petites garçons jouent aux petites voitures. Les petits garçons jouent à la guerre, les petites filles jouent à la dinette. Plus tard, pendant que les grandes filles font les soldes, les grands garçons vont voir les avions au salon du Bourget.
Je nuancerais malgré tout en précisant que j'ai vu des filles aussi enthousiastes que moi devant le meeting aérien. En tout cas, j'ai retrouvé ce dimanche le petit garçon et l'adolescent qui sommeillait en moi comme en chacun d'entre nous.
J'ai lu de nombreuses critiques négatives sur ce salon, et notamment l'absence d'avions américains ou soviétiques russes. C'est vrai, en dehors des bons vieux F15, F16, C130 et C5, on avait l'impression que tonton Sam avait fait la gueule. Mais ce ne sera pas la première fois. Il en est de même pour notre grand frère russe. Ce genre de salons est toujours en première ligne pour subire les caprices politico-commerciaux.
En ce qui concerne le meeting, il est vrai que dans mon souvenir (donc à relativiser), j'en avais vu de plus spectaculaires, au cours desquels s'affrontaient (par prestations interposées s'entend) les Mirage 2000, F16, X29F (à voilure inversée), Mig 29, Rafale, Eurofighter, Sukhoi 27, etc. 2011 était peut-être plus pépère, mais laissait davantage de place à d'anciens avions, ce qui était aussi très intéressant. On en reparlera plus tard.
Pour revenir au sol, il restait tout de même à se mettre sous la dent les fleurons des industries européennes :
Le bon vieux Mirage 2000
Le magnifique Rafale (et Dieu sait que je ne suis pas chauvin )
ainsi que les hélicoptères Tigre et NH 90, le Typhoon, Le X3, le B747-8I, le B787, l'A380, et j'en passe. On peut aussi citer le vieux Dassault MD312 Flamant, de 1947, tout brillant dans sa livrée argentée...
Plus récents, ces deux avions aux configurations originales, pour davantage d'aérodynamie, le Piaggio P180 et un bel inconnu :
Dans les hangars, beaucoup de stands réservés aux professionnels, sans intérêt si l'on n'y connait rien, et pour le grand public, les spectaculaires trains d'atterissage ou moteurs d'avions de ligne :
Quand on voit une telle complexité, on se dit qu'il faut une sacrée dose de confiance pour prendre l'avion en étant presque pas stressé. Je me dis même que c'est un miracle que les mécaniciens placent à chaque fois la bonne vis sur le bon bout de tuyau. Je suis presque prêt à prier pour que le miracle s'accomplisse à chaque fois. Allez, n'y pensons plus, et de toute façon, je n'ai pas peur en avion, je n'ai pas peur en avion, je n'ai pas peur en avion...
Pendant le meeting aérien, on espère également que les avions vont bien prendre leur envol, et vont bien redresser leur trajectoire au bon moment. Mais rapidement, on est bouche bée devant les évolutions, du plus vieux au plus jeune, du plus petit au plus gros, du plus lent au plus rapide.
Le plus lent, justement, le Solar Impulse : immense libellule, aux ailes immenses, semblant faire du sur-place dans les airs. 50 km/h... Ce n'est donc apparamment pas lui qui va parcourir Paris-Tôkyô en 2h30, même en 2050. Ou alors en partant maintenant...
Dans son genre, c'est un pionnier : des moteurs électriques, fonctionnant sur panneaux solaires. On se serait cru revenu aux premiers temps de l'aviation, le temps des Blériot, des Ader, des Lindbergh. J'imagine que pour ceux qui y participent, l'expérience doit être exaltante et émouvante.
Justement, parmi ces pionniers, un rescapé est parvenu jusqu'à nous, et a fait une apparition dans les airs du Bourget : le Bréguet XIV, opérationnel en 1916. Un presque centenaire.
Dans la partie historique, nous avons pu voir évoluer les avions suivants :
Supermarine Sea Fire, héros britannique de la Seconde Guerre Mondiale.
Lockheed Constellation, la star des années 1950, symbole des premiers vols transatlantiques. Fin et élégant, avec ses 3 dérives et ses 4 moteurs, on peut presque dire que c'est le paquebot France de l'aviation. Un mythe.
Sensiblement de la même époque, le Fouga Magister, avion français militaire, très fin lui aussi, ayant équipé la Patrouille de France jusqu'en 1981. Moins maniable que son remplaçant, l'Alpha Jet, il compense par son élégance et la douceur de ses évolutions. A lui le Lac des Cignes, à l'Alpha Jet le French Cancan.
Nous avons pu voir aussi des avions de transport militaires. Je l'avoue, le sujet fait beaucoup moins rêver. Pourtant, ce n'est pas inintéressant. Par exemple, l'italien C-27J, petit avion de transport, moitié moins gros qu'un Transall, très maniable malgré ses formes rondes. Distance de décollage et d'atterissage très réduites, capacités de virage et d'ascension apparemment idéales pour intervenir en terrain accidenté et dangereux.
Cela semble être aussi le cas de l'A400M, beaucoup plus gros et massif. Une bien belle bête.
Encore plus gros et plus massif, le roi du salon, l'A380. Un mastodonte, avec ses 2 ponts, son allure de cachalot, ses larges ailes incurvées et ses plus de 250 tonnes. Là, c'est du lourd, et pourtant il nous a fait sa danseuse.
Quelques petits pas d'élan, et hop, décollage, virages, décrochages, d'une maniabilité et d'une légèreté incroyables. Chapeau l'artiste !
Juste derrière, a suivi le Rafale, dans un style évidemment bien différent. Presque pas d'élan, une montée directe vers les nuages, un looping, puis des figures dans tous les sens, dessinant des arabesques agressives avec ses fumigènes. Impressionnant, tant sur le plan visuel qu'auditif : avec ses deux tuyères, il fait vrombir nos entrailles en même temps que le sol.
Pas de photo, tellement l'engin est difficile à suivre. A côté, le mythique F16 apparaissait presque balourd, c'est dire !
Moins difficiles à suivre car plus lents, plus nombreux et plus colorés, les héros de la Patrouille de France, qui comme à chaque fois viennent faire leur petit effet. Toujours très beau à voir dans un ciel aussi magnifique.
Côté hélicoptères, le X3 d'Eurocopter, avec ses ailes, ses hélices et ses 430 km/h en vitesse de pointe s'est fait remarquer. Il se trouve que le lendemain, en allant travailler, je l'ai vu s'envoler juste au dessus de moi, à 45° ; il venait de quitter l'héliport de la porte de Versailles. Pour prolonger le plaisir, pour que le lundi aille comme un dimanche.